agua/cement ( jeu de mots )
19h23. marisol venait de sortir pour un jogging qu'elle n'avait pas vraiment envie de faire - il résultait plus d'une habitude entretenue mécaniquement chaque semaine que d'une volonté propre.
la tête ailleurs, les traits tirés, elle pensait à tout sauf au rythme de sa course. et même la musique dans ses oreilles ne réussissait pas à lui permettre de se concentrer correctement. elle ne réussit pas à maintenir sa course sur la distance habituelle, préférant capituler pour un exercice de fractionné sur le chemin du retour. chaque sprint mettait en exergue quelque chose qu'elle pressentait : elle était contrariée.
une contrariété somme toute probablement passagère mais qui la rendait renfrognée et distraite. une contrariété dont elle n'arrivait pas à s'expliquer la cause dans l'immédiat.
le club de boxe où elle allait habituellement était fermé et elle le regrettait sincèrement - le défouloir lui aurait probablement été bénéfique.
pensive, elle se rabattit sur l'idée de prendre une douche bien chaude et occuper son esprit sur son pc en rentrant. elle n'avait pas particulièrement envie de faire face à ce qui l'agaçait tout de suite et la solution de facilité de détournement d'attention sonnait moins contraignant pour elle qui, après une longue semaine de travail, rêvait d'un peu de tranquillité.
elle fit tomber ses clés en essayant d'ouvrir sa porte, gratifiant le silence du couloir d'une bordée de jurons extrêmement grossier.
la porte s'ouvrant sur son modeste intérieur, l'interrupteur près de sa port émit un bruit familier lorsqu'elle appuya dessus.
l'ampoule grésilla un peu avant d'éclairer la pièce d'une lumière aux tons orangées - une ampoule basse consommation dont la lumière tamisée lui paraissait bien plus agréable que celle très blanches des lampes du cabinet du docteur kwon qu'elle côtoyait à longueur de journée.
elle se défit de sa veste trempée de sueur et ôta ses baskets pour les laisser mollement tomber dans l'entrée.
quel plaisir d'entrer dans sa salle de bains, rouge et collante de sueur, pour atteindre avec espoir la poignée de sa douche.
les tuyaux émirent un drôle de grommellement, jusqu'à crachoter difficilement un fond d'eau tiédasse qui devait traîner dans tuyauterie depuis sa dernière douche.
l'expression sur le visage de la jeune femme vira très vite pour étirer ses traits dans une grimace de colère contenue. elle laissa échapper un nouveau chapelet de jurons - en espagnol cette fois-ci et faillit arracher le pommeau de sa douche.
puis elle se ressaisit en entendant des bruits à sa porte. quelqu'un venait de toquer. d'un pas lourd, le visage hermétiquement fermé par un agacement contenu, elle se dit que si derrière cette porte se trouvait autre chose qu'on plombier, il y ait de fortes chances qu'elle la referme aussitôt en espérant péter un nez au passage.
la porte s'ouvre donc...