08:00 - De bonne heure, de mauvaise humeur. Tu ne salues pas le policier de garde, tu montes les escaliers deux par deux avant de te rendre à la machine à café. "Hey Daisuke" t'adresse l'obstacle devant la machine à café. Tu te contentas de lever le regard vers lui avant de prendre dans la machine la boisson chaude qu'il venait de se commander. Tu as de la chance, c'est un expresso sans sucre.
08:05 - Tu as posé tes affaires dans ton bureau, tirer les stores côté bureau et ouvert ceux côté rue, ouvert ton calepin en grand et posé tes fesses sur la chaise. Tu prends quelques lampées de caféine en te massant les tempes. Ce midi, tu te feras un double burger, et une double séance de sport pour compenser ça. Cette enquête ne te plaît pas spécialement. On t'a assigné dessus avec ceux déjà présents sans que tu ne puisses vraiment t'en plaindre - c'est déjà quelque chose - et que tu puisses refuser. Machinalement, tu te mets à arracher proprement chaque page de carnet de note datant de deux jours. Tu te lèves et les épingles sur le tableau en liège devant toi. Cet écran en carton manque cruellement de relief, d'éléments. Tu te demandes si Gaby va te parler de ce que tu as fais à Aellia. ça serait bien la seule fois qu'il te parle ces derniers temps. Avec ça, pour le moment, tu es un aveugle manchot qui s'en va en pleine forêt pour aller pisser. Tu ne vas pas aller bien loin.
09:25 - Tu as dépilé le tas de dossiers que l'on a déposé sur ton bureau lorsque tu as acceptés cette enquête. Tous les meurtres depuis le début. Tu as épluché un peu chaque rapport, afin d'avoir un sentiment général, une certaine connaissance du sujet, de manière à pouvoir mieux cerner ta cible et les questions que tu dois réellement te poser.
09:28 - La première, depuis quand ce timbré agit. Ou du moins, depuis quand s'est-on mis arbitrairement à lui attribuer son premier crime. ça, c'est facile, c'est dans le dossier le plus ancien, il te suffit de consulter la date. Mais peut-être que d'autres ont eu lieu auparavant et qu'il ne vous a pas semblé pertinent de lui en attribuer le "mérite".
09:29 - Au total, son tableau de chasse, c'est quoi ? Il a fait combien de victimes notre apprenti Jack l'Eventreur ? ça, c'est le nombre de dossier que tu as sur ton bureau, même s'il y a fort à parier que tu en auras davantage dans les jours suivants.
09:45 - Tu as passé un coup de fil au légiste, quelque chose te chiffonne. L'absence de lutte, c'est trop propre pour être vrai. Tu lui as demandé pour les cadavres qui ne sont pas encore réclamés par la famille de conduire une analyse toxicologique afin de trouver d'éventuels traces de drogue, anesthésiants qui pourraient expliquer cela. Ce type, il a beau être très fort, il n'a pas des pouvoirs d'hypnose absolus. Il te fera un rapport quand les analyses seront terminés.
09:50 - Tu ne vas pas le déranger une deuxième fois, c'est un brave homme qui fait son travail. A la place, tu as pianoté un mail pour lui demander si les autopsies ont révélé l'utilisation d'un outil particulier. Les blessures montrent-elles une lame dentelée, droite, avec un métal en particulier ? S'agit-il toujours de la même arme ? Tu n'as pas envie de relire tous les rapports, il le fera pour toi.
10:10 - Tu t'es resservi un café et un donut glacé à la framboise à la machine automatique avant de te rasseoir. Tu maudis ce moment où tu as été suffisamment mauvais à cacher ta nature pour rentrer au FBI. A cette heure-ci, tu aurais envoyé un courrier électronique à l'équipe de profilage afin qu'ils puissent te donner leurs avis sur ce tueur. Mais tu es un flic talentueux, borderline, dans un commissariat d'une métropole, c'est bien, mais pas assez.
10:25 - Un message. Mademoiselle - tu te doutais sans le savoir - Aoki veut te revoir. Tu te rappelles de ses jambes surtout. Si c'est professionnel, tu doutes qu'elle te soit encore d'aucune utilité, tu as eu ce que tu voulais d'elle. Si c'est personnel, tu ne sais pas quoi faire. ça ne serait pas la première fois que tu vas batifoler avec la vermine, ni la dernière. Un dîner, ça s'envisage peut-être. Elle avait de longues jambes et tu n'a pas eu de véritable conversation en deux semaines - la voisine qui raconte les voyages de fille avec son gendre, ça ne compte pas -. Il te faudra simplement être vigilant, que l'on ne te suive pas, et elle non plus. Tu pourrais avoir ce que tu voudrais d'elle, enfin, de presque n'importe quel autre femme.
10:35 - Tu n'as pas le choix. Tu vas devoir leur parler. Tu te lèves, défaits les store pour inspecter le plateau. Ils sont là en plus, les cons. tu soupires un moment avant de déverrouiller la porte. Puis, au lieu d'aller vers eux, tu tournes à droit et part aux sanitaires. C'est le deuxième café ça, enfin.
10:38 - Quelques contractions et un niveau de ton jeu mobile plus tard, tu te laves les mains, passes de l'eau sur ton visage - dans cet ordre - avant d'aller à leur rencontre. Les autres détectives sur l'affaire. Tu es bien souvent à la même hiérarchie qu'eux alors tu ne peux pas agir comme un véritable connard. Tu discutes un peu avec eux de l'affaire, ce qu'ils en pensent. En vérité, tu n'écoutes pas beaucoup, tu attends surtout que la convention de politesse dit que tu as droit de poser tes questions en te fichant bien de l'interlocuteur en face de toi, et eux, même s'ils jouent le jeu, ils l'ont bien compris. Messieurs, en moyenne, les corps sont découverts combien de temps après le meurtre ? A t-on réussi à dégager un emploi du temps du tueur au vu de l'heure des meurtres, s'agit-il plutôt d'un étudiant, un chômeur, etc. ? En moyenne, il prends combien de jours de repos entre chaque meurtre ? (ça, tu aurais pu le calculer, mais pour une tâche aussi simple, tu peux bien leur laisser te faire le travail pour une fois, s'ils sont sur ton enquête, qu'ils se rendent utiles). Tu les écoutes, tu notes. Tu dis merci avec un brin d'amertume dans la bouche avant de retourner à ton bureau.