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Se révolter ou s'adapter, il n'y a guère d'autre choix dans la vie. - ft Daisuke
Kira I. Koshar
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Kira I. Koshar
Sam 8 Juin - 14:55

Se révolter ou s'adapter, il n'y a guère d'autre choix dans la vie.
ft Daisuke Atsuji


T’es en retard. De toute façon, t’es toujours en retard alors ça ne te semble pas si grave que ça. Ça n’empêche que lorsque tu te glisses dans la salle principale du nouveau dojo de ton club de ju-jitsu, tu le fais le plus silencieusement possible. Les doyens et les senseis sont en train de parler et tu ne voudrais pas les interrompre. T’es jamais à l’heure, mais ce n’est pas pour autant que tu ne sais pas être polie.

Tes yeux maquillés légèrement survolent les gens présents et le nombre impressionnant de combattants te fige un instant avant que tu ne remplaces le contexte. Le dojo a décidé de s’agrandir et n’ayant pas assez pour le lieu parfait en ville, les gérants ont décidé de le rendre commun avec un autre club. Voilà donc les nouvelles têtes ? Tu regardes un peu ceux qui écoutent plus ou moins attentivement en essayant d’imaginer qui ils sont (c’est pas forcément très difficile vu ton métier).

Finalement, les discours finissent et tu applaudis comme les autres, sauf qu’en plus il y a un sourire excité sur tes lèvres. Tu as entendu dire que la première soirée commune (avant que chaque club ne se répartisse dans les deux grandes salles d’entrainement sur tatami) serait des rencontres entre membres. Ça veut dire de la nouveauté et du défi… Tu n’attends que ça, parce que ton dernier redbull dans les vestiaires commence déjà à retomber.

« Kira, tu veux y aller ? »

Mon sensei ne m’a pas loupé. Après les premiers duels d'exhibitions entre les aînés, il se tourne vers moi avec un sourire serein. Et comme une puce inarrêtable, je hoche largement la tête et m’avance. Je suis une fourmi dans un kimono blanc, ceint par une ceinture noire à liseré blanc (traditionnellement donnée aux femmes qui pratiquent ce sport, au Japon et par mon enseignant). Seul sport que j’ai tenu sur la longueur, je devrais trouver le temps de passer mon prochain Dan mais… et bien, comme toujours, je suis sous l’eau !

« Je peux choisir mon adversaire, maîtres ? Je demande aux deux enseignants, l’un de ju-jitsu et l’autre de karaté, comme je l’ai découvert pendant leur show-match. »

Ils acquiescent et mon sourire se fait plus grand. Mes yeux tournent sur les élèves. J’élimine d’office ceux qui ne sont pas d'une ceinture noire, je ne veux humilier personne et je préfère le challenge. Mes yeux tombent alors sur un homme, distant et droit comme un piquet. Japonais ? Peut-être. Je m’avance vers lui et m’incline comme nos disciplines le veulent avant de remonter mon visage devant lui.

« Faisons de notre mieux. »

Je souris et sans lui laisser le temps de refuser, ma main s'agrippe à la sienne et je le tire sur les tatamis centraux avec moi. Aussi rapidement que mes doigts ont agrippé les siens, je les relâche et me recule en continuant à lui faire face, un sourire chaleureux sur le visage.
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Daisuke Atsuji
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Daisuke Atsuji
Sam 8 Juin - 23:16
Au cours des 25 tours de tatamis en trottinant. Lever des bras vers le ciel, des genoux, des talons aux fesses. Au "Utsu", positionner sa jambe forte en avant (la droite chez toi) pour donner un choku zuki. Faire cinq pompes. Utsu. Une pointe de vitesse de trente secondes. Utsu. Utsu. Reprise de la course en marche arrière. Pas chassés sur la gauche. Utsu. Pas chassés sur la droite. Utsu en changeant de jambes d'appui. Trois burpees. Relâcher son kiai. Quelques exercices supplémentaires avant d'entamer quelques échanges.

Tu as fais dans l'humanitaire, prendre en face de toi un jeune ceinture orange. Il a tendance à fuir le contact, alors tu le presses jusqu'au bout du tatami. Pour le rassurer, tu ne déploies que le bout de tes doigts au lieu de les rassembler un poing solide. ça fritte, c'est un peu douloureux et ça rappelle que si danger il n'y a pas, il faut quand même bloquer. Il regarde où il va frapper avant de lancer son mouvement, c'est prévisible. Tu n'as pas besoin de regarder ses membres, juste ses yeux. Il a développé une mauvaise habitude, il garde ses poings trop bas quand il lance sa jambe, son visage est exposé. Tu l'as mis en garde à ta manière, un ura mawashi geri avec le plat du pied contre la joue pour simplement lui mettre une claque. Et on s'arrête là.

Tous en rang, alignés avec discipline, genoux au sol, mains sur les genoux, le buste droit, la respiration calme en fixant le senseï. Et... ça parlotte pour parler des nouveautés de la saison à venir. Tu n'aurais peut-être pas dû choisir cette date pour revenir faire un coucou. Il y a beaucoup de jeunes. Tu reconnais quelques gueules du temps où tu y mettais les pieds souvent. Les ceintures marrons sont devenues noires. Les jeunots sont devenus des hommes véritablement formés. Cela te fait plaisir. Il y a moins de femmes, ce qui est plutôt un bénéfice.

Partage de l'espace, changement des horaires des séances, première séance inaugural avec le club de jiu-jitsu. Donc, pas d'entraînement tel que tu l'attendais. Tu ne vas pas partir, par correction - senseï reste un homme dont tu acceptes la raclée avec humilité, malgré ton 2nd dan -, mais cela t'exaspère légèrement. On ne mélange pas les torchons et les serviettes. En pied poing, vous leur êtes supérieurs, vous ne faites que ça, mais en combat au sol, en prise, vous ne faites pas le poids. C'est juste amical, pour apprendre à ce que découvrir les uns les... Quand on est en retard, on se fait discrète, kuso gaki.

Le troisième âge passe devant. Tu n'envies pas leurs corps, mais leur technique. A soixante-cinq ans, ça réussit toujours à lever la jambe pour taper le cou avec une aisance déconcertante. La force y est moins, certes, mais il y consacre peu d'efforts. Tu ne fais pas l'erreur, de débutant, de les considérer comme des êtres fragiles.

Puis on passe aux seniors. Tu ne te désignes pas, tu n'es ici que très occasionnellement, hors de question de rameuter l'attention sur toi. Tu songeais à l'affaire de l'Egorgeur quand une paire de cheveux beaucoup trop propre pour être échauffée te tire de ta rêverie en se mettant devant ton champ de vision. Tu réponds à son salut, respectueusement. Et avant de comprendre ce que ses mots impliquaient, tu te retrouves tiré au milieu du tatami.

A t-elle vu les deux barrettes qui accompagnaient la couleur noire de ta ceinture ? Tu l'espères pour elle.

"On fait ça en trois manches ?"

Les règles sont simples. Si un coup aurait sonné l'adversaire, on le retient et l'adversaire concède la manche. Cela vaut pour les coups de poings, pieds, clés de bras. C'est une femme, donc tu as nécessairement l'avantage en force, mais c'est une ceinture noire. Elle ne l'a pas gagné dans une brocante, donc il te faut te méfier un peu. Et ils viennent ici, sur votre terrain. Donc au signal de départ, tu avances vers elle en lui donnant directement un coup de pied marteau sur son visage. ça donnera le ton.
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Kira I. Koshar
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Kira I. Koshar
Dim 9 Juin - 12:15
T’es là, face à ce type qui semble plus âgé et sûr que toi, mais qui a l’air aussi si fermé et distant que tu te demandes si t’as forcé un grand timide à se battre. T’as à peine le temps de hocher la tête pour accepter la rencontre en trois manches qu’un “hajime” envoyé par son sensei te prend de court. Ou presque. T’as vraiment cru que tu allais t’amuser, mais le coup qui t’arrive droit dans la tête te fait enfin réagir.

Sa jambe levée, c’est vers ta tête (ou du moins ton épaule s’il s’en tient aux règles de l’échange) qu’il l’abat. T’as pas le temps de réfléchir, tu sais à quel point un coup de la sorte, avec une force comme celle d’un homme entraîné, ça peut étourdir quelqu’un. Et tu ne comptes clairement pas perdre ce vis à vis.

C’est instinctivement que tu lèves le bras du côté de son attaque contre le côté de ta tête. C’est un triangle parfait entre ton poignet contre tes cheveux, ton coude replié et le bas de ton cou. Et c’est comme ça que t’encaisses la violence de son attaque avec un grondement sourd. Tu ne lui laisses pas le temps de glisser entièrement sur la pente que t’as créé avec ta défense et ta main pivote pour attraper sa cheville et enfin ton corps se met en mouvement.

Un coup solide dans sa jambe d’appui, sur le tibia pour faire perdre de la force, tu le fais basculer aussi brusquement en arrière, en t’aidant de ta prise sur sa jambe levée, celle qui ne fera que le déséquilibrer. Si ton visage était concentré, un éclat d’amertume vient tirer tes traits, comme une déception face à ce qu’il te propose là. Soit il ne t’as pas pris au sérieux, soit il a eu peur de te confronter parce que t’es une femme. En tout cas, tu vas lui faire regretter ça.

Tu utilises sa cheville toujours dans ta main pour le tordre de manière à ce que son bassin se soulève du sol et tu le fais rouler sur le ventre. Il tente de t’envoyer voler, mais c’est le mouvement de trop et en écrasant ton poids sur lui, tu attrapes son bras et tu lui fais une clé dans le dos le plus haut possible. Si tu tires plus tu casses. S’il se débat, tu casses. Y’a plus d’autres choix, il a perdu. Cette manche tout du moins.

C’est au claquement sec des mains d’un des deux maîtres, signant ta victoire, que tu le relâches et que tu te redresses en souplesse. Ton corps est brûlant et ton visage rougi. Tes cheveux noirs à la racine, violine plus ça tire sur les longueurs retombent en mèches folles sur ton visage et ayant perdu ton sourire, tu lâches, amer.

« On peut s’arrêter sur cette victoire, si vous préférez. »

T’as à peine dit ça que t’entends un « Kira ! » claquer sur ta droite. Ton sensei a les lèvres pincées et son regard lance des éclairs. T’as dépassé la limite, sa limite, celle de la bienséance de ce sport. Respect de l’adversaire… ton hyperactivité te le fait souvent oublier. Et, comprenant ton faux pas, ton attitude change encore. Ton corps se raidit alors que tu te ploies en avant, légèrement, mains jointes devant toi et tu lâches :

« Sumimasen. Ce n’était pas fair-play. Prêt ? »

Cette fois-ci, tu le sais déjà, tu attaqueras en premier.
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Daisuke Atsuji
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Daisuke Atsuji
Dim 9 Juin - 22:20
Tu as pêché par orgueil. C'est la première conclusion que tu as tiré lorsque tu as vu dans son regard qu'elle n'était pas impressionné par ton coup. La seconde, c'est que l'aura de confiance qu'elle déployait n'était pas de la vantardise, tu l'as bien vu, lorsque tu t'es retrouvé avec une jambe en l'air qui ne retombait pas aussi vite que tu le souhaitais. Tu ne souris pas, du tout. Tu t'apprêtes à lui adresser un coup de poing en plein visage quand un coup vient déstabiliser tes appuis déjà précaires. Vite, se dégager en se débattant. Tu tâches de te reculer comme tu peux, d'un geste franc.

Et elle ne lâche pas. Improviser, vite. Tu lances ta seconde jambe en l'air, quand elle tort la cheville de la première. C'est une affaire un demi-mètre avant que ta voûte plantaire ne percute son menton. Mais cet espace te paraît le bout du monde quand ton bassin t'indique que si tu insistes, tu devrais marcher sans son aide pour les minutes à venir. Tu pivotes en l'air, tendant ta jambe libre au maximum, que le temps de ta rotation fasse en sorte de toucher son visage. Juste un peu, et c'est raté. Tu t'écrases presque lourdement, le ventre face au sol. Tu te remets sur un genou qu'elle s'écrase sur toi. Tu balances ton coude en arrière, à l'aveugle. Et celui-ci, se retrouve bloqué au milieu de tes omoplates. Merde. Fais ch.. mal. Tu tentes de résister en te débattant, mais elle continue de monter, encore. La pression sur tes tempes s'accentue, et assez vite, tu te frappes trois fois au sol de ta main libre. Tu ne vas pas te démettre l'épaule pour l'honneur d'un match amical, contre une femme.

Tu te relèves assez vite, passablement échauffé, en faisant des arcs de cercle avec ton épaule agressée. Elle sait réagir vite, c'est une évidence. Il te faut donc éviter de créer des ouvertures et courir des risques. Elle n'a sûrement pas ta pa.. Politesse, déjà, c'est acté. Tu lui assènes un regard dédaigneux : "ta capacité est si pauvre qu'une victoire suffit à te monter à la tête ?". Elle n'a, pensais-tu, sûrement pas ta patience. Elle voudra confirmer l'impression de la première manche, tu peux utiliser ça à ton avantage.

Tu ignores ses excuses, on ne peut ravaler des mots, encore moins des actes. Tu regardes ton maître un instant, avant que celui-ci acquiesce du menton. Bien.

Tu lui adresses un salut avant de te remettre en position.

"Prêt."

Et, ça ne manqua pas. Elle ouvrit les hostilités par un mae geri, suivi d'un mae tobi geri. Tu te contentas de reculer rapidement plutôt de bloquer. Il te faut l'observer, voir comment elle prends ses appuis. Elle retente un coup de pied sur tes flancs, circulaire cette fois-ci, tu te contentes de bloquer avec ton corps et lui adresse un mawashi geri dans sa jambe d'appui. Touché. C'est la solution. Pour la minute qui a suivi, tu t'es contenté d'esquiver, bloquer sommairement dans le but de frapper toujours dans sa jambe droite. Une fois, deux fois, trois fois, sept fois, dix fois. Quinze fois. Un coup de pied sec, essayant de racler sa cuisse vers le bas. Hors de question de lever la jambe plus haut, elle t'a anticipé une fois, elle peut le faire deux fois. C'est une guerre d'usure, autant physique que psychologique.

Et au bout de la seizième fois, tu vois bien qu'elle change un peu. Elle ramène davantage sa jambe vers elle, elle est moins sur l’offensive. ça doit la faire souffrir, comme une chienne. Tu n'y es pas aller de pied mort, un coup violent à la jambe, ça ne met pas hors de jeu. C'est vicieux, mais dans les règles. Et lorsqu'elle cesse d'attaquer, tu y vas à ton tour. Tu te contentes d'approcher lentement, en levant ta jambe comme si tu allais la frapper encore, et encore, au même endroit. Et tu la reposes très vite, avances d'un pas pour changer d'appui, pour foncer sur elle, un poing en direction de ses côtes. C'est bloqué, évidemment. Mais là, tu es à la distance parfaite. Tu balaies sa cheville d'appui d'un puissant fauchage circulaire. Tu la vois partir à la renverse au ralenti. Lorsqu'elle retombe au sol, tu présentes ton talon au-dessus de son visage avant qu'elle puisse se relever. C'est fait, elle a perdu.

Tu n'attends pas la confirmation des professeurs. Très vite, tu la salues sommairement avant de retourner à ta place initiale. Tu réajustes légèrement ta tenue avant de te remettre en position. Qu'elle se dépêche de revenir prendre sa raclée.
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Kira I. Koshar
Kira I. Koshar
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Kira I. Koshar
Lun 10 Juin - 15:33
Tu te recules en pesant plus sur une jambe que l’autre. Putain ! À défaut de pouvoir jurer à haute voix sans quoi tu lui donnerais le plaisir de savoir qu’il t’a bien eu… et tu te couvrirais encore plus de honte. Tu ne t’étais pas attendu à ce qu’il soit tendre au second round, clairement. Mais c’était juste vicieux de venir t’éclater la jambe comme il l’a fait. Ce n’était pas un acte désespéré, de quelqu’un qui a peur et se défend, nan… C’était pour te faire qu’il a frappé toujours au même endroit. Pour te faire craquer devant lui. Et il a réussi.

T’as même pas eu besoin de signifier ta défaite qu’il se recule. Il sait qu’il a gagné et toi, un instant, tu t’es dit que tu aurais dû profiter de sa promptitude pour l’attaquer. Sauf que ça ne se fait pas. T’as juste fini par te ramasser et te remettre debout. Et te voilà, à reculer d’un pas, ta jambe vibrant d’une douleur sourde, ankylosée. Ton coeur s’est emballé et tes mains sont moites. T’es en train de perdre ton calme parce que t’as vraiment l’impression que cet homme se moque de toi.

« Kira, viens-là. »

C’est ton sensei. Le regard qu’il te lance te fait faire demi-tour aussi rapidement. Tu tournes à trois quarts le dos à l’homme qui te fait face, en avançant en boitant vers le vieil homme. Il garde son visage pragmatique et puis, d’un coup, il vient taper deux doigts au-dessus de ton sein gauche et il te lâche, sans explication : « Calme-toi. »

Et c’est comme ça que ça retombe d’un coup en toi. Toute la pression que t’étais en train de te mettre. Toute la colère et l’incompréhension face à l’homme au visage barré de cicatrices. Toute la douleur qui t’embrouille les neurones. Tout ça s’envole à sa demande et tu reviens prendre ton vis à vis. D’un mouvement de tête, avec un bref sourire plus dur, tu acceptes de démarrer le combat.

C’est toujours le Hajime, de ton sensei cette fois-ci, qui relance la dernière rencontre. Et t’es plus concentrée qu’aucune autre fois. Plus sérieuse aussi. Il reprend la même attitude, et cherche à toucher encore ta jambe déjà blessée, mais tu t’échappes. Plutôt que je cherche à le saisir c’est via tes jambes que tu veux l’avoir. Tu tentes plusieurs coups de pied, en oubliant qu’un de tes mollets est engourdi. Tu le touches, mais sans lui faire suffisamment mal. T’as pas sa force ni sa corpulence, tu as plus l’énergie pour être vraiment percutante. Tu évites un coup de poing vers ta poitrine de peu quand tu comprends que tu ne gagneras pas. Pas comme ça.

Ça s’étire en longueur et tes forces s’y envolent. Un combat, pour quelqu’un de ta carrure, ça doit être moins de quelques minutes et là, vous devez déjà y être depuis 2min30. Des échanges de coups que vous parez chacun, le changement de stratégie de l’un et l’autre. Enfin, l’homme continue de chercher ta jambe ou t’épuiser pour avoir l’ascendant. Toi tu interchanges entre coup de pied à distance et tentative de prises.

Et puis d’un coup, tu l’as vois l’opportunité. Tu t’avances vers lui en cessant l’agression par les pieds. C’est un coup de poing direct, du genre que tu as retenu vaguement de tes quelques mois de karaté, justement. Tu sais que ça ne vaut rien, mais ça crée une ouverture sur toi qu’il utilise automatiquement à son avantage. Son corps pivote sur le côté pour éviter un coup, te laisser partir en avant dans le vide et il détend son propre poing. Et si la bienséance voudrait que tu évites le coup en pleine poitrine, tu ne recules ou ne tentes pas d’éviter.

Y’a un grondement rauque qui s’échappe de ta bouche en même temps que ton souffle, mais, ça y est, t’as atteint ton objectif. T’es assez proche de lui pour ramener son genou dans sa cuisse, de toutes tes forces. La béquille le prend par surprise, et t’en profites pour faire plier son genou vers le sol d’un second coup du plat du pied et là, c’est tout à ton avantage. Ton bras autour de sa gorge, en une clé verrouillée avec expérience. Tu l’étrangles, un pied coincé derrière son genou à terre, ton bras pesant sur sa gorge pour le faire plier la tête vers l’arrière. Son corps est arc-bouté et tu tiens comme ça, dans cette posture humiliante avec des étoiles devant les yeux. Tu ne respires plus et tu vas craquer.

T’entends vaguement l’arrêt de combat d’un des maîtres, te plaçant gagnante dans le duel. Et pourtant, tu ne savoures pas. Tu relâches ton adversaire et tombe à genou, en respirant en sifflant une main là où il a frappé. T’en peux plus, t’as même pas la force de voir s’il va bien, t’es juste en train d’essayer de ne pas t’effondrer dans la honte la plus absolue.
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Daisuke Atsuji
Daisuke Atsuji
Daisuke Atsuji
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Daisuke Atsuji
Mar 11 Juin - 22:47
Tu fais l'impasse sur le favoritisme. Des conseils sont une chose, mais cela ressemble à du baby-sitting. Elle est ceinture noire, elle doit savoir maîtriser ses émotions lors d'un combat, tel que tu le fais. La colère est une puissante alliée, une fois que l'on sait s'en servir.

Hajime. Là, son attitude change légèrement. Le fait de se faire matraquer la jambe plusieurs fois lui a suffit à te prendre au sérieux. Mais tu n'as pas spécialement intérêt à changer ta stratégie outre mesure. Elle a bien marché une fois, elle essaiera sûrement de s'adapter, mais tu as suffisamment affaibli son appui principal pour que ça passe sans accrochage. Cette fois-ci, tu avances vers elle, un genou presque toujours levé au niveau de ton bassin, prêt à décocher un coup. Et tu parviens à la toucher quelques fois, mais de manière moins impactante. Ta propre jambe a moins de force qu'au deuxième round.

Elle t'a touché quelques fois. Tu en as laissé passé deux exprès, pour jauger de la force qu'il lui restait. Tu t'es contenté de bloquer ta respiration et de contracter ta ceinture abdominale. Conclusion : elle fatigue, et plus vite que toi, ça lui apprendra à avoir bouger n'importe comment. Sa vigilance va finir par s'endormir, ou elle manquera de discernement. Un peu comme ce moment.

Tu ne vas pas laisser passer ça. Elle tenta un direct du droit sur ton visage. Tu devrais bloquer, classiquement, en mettant ta propre main devant pour en dévier la trajectoire, mais tu choisis une approche plus dangereuse. Il faut passer à autre chose, tu ne vas pas gâcher toute l'énergie disponible pour la séance sur un duel pour l'honneur. Tu abaisses tes appuis, déportes ton corps sur le côté pour laisser son coup passer au-dessus de ton épaule, et là tu avances en présentant ton poing, puis la paume de ta main. Kumade, la patte d'ours, placé en dessous de sa poitrine, au-dessus de son ventre, en plein diaphragme. Rien de dangereux ou de très douloureux, juste de quoi lui faire perdre son souffle, de quoi pouvoir la refaire tomber à nouveau.

Et cette conne ne sait pas arrêter, ça la percute avec plus de force que tu ne l'avais prévu, elle s'est littéralement empaler dessus. Il te reste plus qu'à... Là, tu as lâché un cri sans le vouloir. Une douleur fulgurante te parcoure la cuisse droite, te faisant plier l'autre jambe. Ton appui faiblit et au lieu de continuer sa course, ta main attaquante se rabat sur ton muscle en pleine souffrance. Elle n'a pas le putain de droit, c'était un coup de genou. Et alors que tu t'apprêtais à la foudroyer du regard, tu la vois pivoter autour de toi, et là, tu le sens, tu ne vas pas avoir le temps de réagir - ni la capacité -. Te voici avec ses deux bras autour de ton cou. Shimata.

Instinctivement, tes doigts s'agrippent à son bras, il te faut de l'air. Immédiatement. C'est très difficile. Là, ce n'est pas l'air qui manque. Tu le sens, c'est le sang. Ton visage commence à te brûler alors que tu utilises la force qu'il te reste. Qu'elle lâche, qu'un peu... Tu pourrais bien la frapper à l'aveugle, le nez, les yeux, mais tu perdrais. Tu commences à pousser sur tes jambes, ça fait un mal de chien. Et te voilà sur le dos, comme une tortue, avec cette femme qui verrouille tes jambes des siennes. Cette tentative t'a fait gagné une bouffée d'air précieuse, mais tu es dans une situation encore plus compliquée. Trop compliquée. Tu n'arrives pas à relâcher, tu ne veux pas le faire. Tes veines battent comme le plus cintré des groupes de métal, le bout de tes doigts commencent à picoter. Non, ça ne peut pas... finir, comme.. Fin.

Fin du combat, le senseï adverse a même claqué ses mains bruyamment. La prise se défait très rapidement et tu roules sur le côté, à la recherche de la moindre particule d'oxygène. Tu es parfaitement liquide, des tâches de sueur décomposent la blancheur de ton karategi en des endroits bien spécifiques. Le bas du dos, les aisselles et le torse. Tu ne veux pas être pitoyable bien plus longtemps, tu prends trois respirations rapides avant de te remettre sur pied. ça tangue très légèrement, mais tu tâches de saluer bien bas ton adversaire. Elle a gagné, point à la ligne. Tu sens encore bien cet enculé de genou qui a tapé ta jambe, mais tu as usé d'un stratagème certes autorisé mais assez peu fair-play non plus.

Tu la vois avoir des difficultés à se relever, elle a l'air d'avoir tiré bien plus dans ses réserves que toi. C'est honorable. Tu commences à tendre ton bras avant que son maître ne vienne l'aider, et que tu te ravises à ton tour. Tu te retournes pour reprendre ta place, avant de constater les regards de l'assistance. Vous avez peut-être pris cela un peu trop au sérieux. Tu sens encore la prise de son bras autour de ton cou.

Une heure plus tard. Fin de séance. Toilettes individuels, douche commune, vestiaire commun. Boxer, chaussettes, pantalon, déodorant, chemise, parfum, cire coiffante, sac de sport sur une épaule, ton manteau pendant sur l'autre - tu as trop chaud pour le porter de toutes façons. Et tu te retrouves à faire le piquet devant le dojo, profitant à merveille de la fraîcheur de la soirée. Ce moment est presque ton préféré de la séance. Ce qui le gâche un peu, c'est la douleur qui subsiste encore un peu à ta jambe, alors tu t'adosses à la taule ondulée du mur plutôt que de tenir droit sur tes guibolles.

Et, comme prévu, tu as fais vite pour te changer, tu l'as vois. Rapidement, et non sans douleur, tu te rapproches d'elle en opinant du menton.

"Bonsoir. Votre jambe, ça va ?"
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Kira I. Koshar
Kira I. Koshar
Kira I. Koshar
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Kira I. Koshar
Mer 12 Juin - 21:26
Tu n’as rien vu des rencontres suivantes, pas plus que tu n’as entendu les compliments des gens de ton dojo après ton propre affrontement. Il te fallait déjà reprendre ton souffle, puis oublier la douleur dans ta jambe. Et quand tu as enfin réussi à faire ça, c’est à ton combat que tu songes, les sourcils légèrement froncés. Vous êtes allés trop loin pendant ce combat, vous n’auriez pas dû prendre ça autant au sérieux. Tu aurais pu lui faire très mal… Il aurait pu en faire autant.

Tous les élèves se séparent quand les deux senseis mettent fin au moment d’échange. Toi, tu restes là, dans ton kimono froid, les yeux posés dans le vide. C’est ton maître qui vient vers toi, une main sur ton épaule pour te ramener à la réalité. Tu n’as pas besoin de lui demander pour savoir qu’il n’est pas fier de toi, de ton comportement.

Tu échanges quelques mots avec lui sur ta performance, sur ce qu’il te reste à travailler. Il te rappelle de soigner ta jambe et tu finis par retrouver un peu plus de sérénité. Tu feras mieux la prochaine fois, va. Avec une salutation respectueuse, tu lui souhaites une bonne fin de journée et tu te mets en route pour les vestiaires. T’es quasiment sortie quand une voix t’arrête.

« Kira, c’est ça ?
-Oui. Je réponds en découvrant le maître du club de karaté tourné vers moi, dans une intransigeance qui me rappelle son élève que j’ai affronté.
-Tu devrais venir faire une initiation de notre côté du dojo, tu aurais à y gagner.
-Je m’en souviendrai. »

Est-ce une manière de te dire que tu gagnerais en performance ou en respect et bienséance, tu n’arrives pas à le savoir. Lui aussi tu le salues avec respect et tu reprends ta route. Ça faisait bien longtemps que tu n’avais pas été soucieuse comme ça. Que les deux hommes prennent le temps de te parler en fin de séance est symptomatique de quelque chose qui ne te plait pas. D’une manière ou d’une autre, tu t’es fait voir et t’as le pressentiment que ce n’est pas pour une bonne raison.

Dans les vestiaires, les dernières filles sont en train de s’habiller. T’embarques tes affaires dans la douche et t’attends d’y être seule pour te déshabiller, te laver et te revêtir rapidement. T’enfiles des talons fins, élégants, et tu fais une grimace. T’adores marcher en talon, mais avec la jambe douloureuse, ça va devenir un enfer pour rentrer. T’as remis ce que tu avais de base. Un jean près du corps, taille haute, et un petit débardeur collé à ta poitrine, et par-dessus un pull en laine fine, douce, d’un ocre adorable, que tu coinces dans le jean. Un petit sac en cuir sur le côté avec de l’argent et tes papiers. Te voilà parée à affronter la nuit. Pas de manteau, parce que tu l’as oublié, en prime.

T’es en train de sortir du dojo avec une expression bien peu esthétique sur le visage quand une voix te faire relever la tête. De la surprise arrondit tes yeux, alors que tes lèvres s’étirent en un sourire, au début un peu carnassier, qui s’adoucit rapidement en quelque chose de plus chaleureux. Tous tes tracas de la soirée s’envolent aussi vite, et même tes épaules se dénouent.

« Bonsoir. Je suis contente que vous soyez encore là. Tu ne te dis pas tout de suite que c’est toi qu’on a pu attendre, plutôt qu’il vient de sortir lui aussi et que c’est une heureuse coïncidence. Douloureuse, et encore plus perchées à cette hauteur. Tu fais un mouvement de tête vers tes chaussures noires, vernies et graciles. Et vous ? »

Tu relèves les yeux vers lui, en te doutant que t’as pas dû y aller de main morte non plus. Ça te tire une moue désolée, sincèrement désolée, et tu finis par joindre tes mains devant toi, et plier la tête lentement en réitérant tes excuses :

« Je m’y suis un peu trop pris au jeu, je ne voulais ni vous blesser ni paraître acharnée. Tu relèves la tête et ton sourire doux revient jouer sur tes lèvres que tu n’as même pas pris le temps de remaquiller. Vous êtes un sacré adversaire. »

Tu remontes mon sac sur ton épaule alors que le vent frais de la nuit te hérisse tes cheveux noirs et violets sur la nuque. Tes yeux se tournent d’un côté, hésitent, te font mordre le bord de tes lèvres, et que tu reviens à lui.

« Vous avez peut-être quelque chose de prévu, mais je n’ai rien mangé encore, ça vous dit de venir manger un bout avec moi ? Tu passes une main dans tes cheveux humides, les ébouriffant sans réfléchir, en rajoutant. J’offre le repas, ce sera ma manière de présenter de sincères excuses. »

Tu t’écouterais, tu l’attraperais juste pas le bras pour le traîner avec toi vers un des bouibouis du coin, mais t’as encore un peu trop d’éducations pour le faire. Et puis, ce type a l’air un peu austère, tu risquerais de le froisser non ?
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Daisuke Atsuji
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Daisuke Atsuji
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Daisuke Atsuji
Sam 15 Juin - 15:59
Pourquoi faut-il que les femmes que tu croises soient majoritairement baisables, voire désirables, quand ton attitude, et ton impatience, rendent ce genre d'interactions compliquées ? Tu fais rapidement abstraction de cette épine dans le cerveau en te concentrant sur l'endorphine que tu distribuais ton corps. Tu étais détendu, un peu vidé quelque chose, autant en profiter.

Tes yeux dévalent de son visage à ses pieds. Tu retrousses ta lèvre inférieur en mimant une expression douloureuse, compatissante.

"Je vous plains -, traînée -."

Et quand elle te demande l'état de ta jambe, tu as l'envie soudaine de lui coller le plat de ta chaussure contre son oreille, ça lui répondrait bien amplement. Mais, d'une part, elle t'a battu, donc elle mérite un minimum de respect, et d'autres part... Non, elle t'a battu, c'est tout, point. Tu secoues ta jambe un peu afin d'évaluer la douleur, c'est pas très souple.

"ça va. ça sera un peu douloureux dans les jours prochains, rien d'insurmontable. Vous avez le genou dur."
termines-tu, avec en tête que cela pouvait sonner autant comme un compliment qu'un reproche.

Oh non. Pas les courbettes, pas de la part d'une occidentale. C'est très gentil, sans doute bien intentionné, de s'adapter à un code partagé par vos deux arts martiaux, mais ça n'est pas vraiment la peine. Elle n'est pas japonaise, alors qu'elle ne se sente pas obligée de le faire. Tu es un peu mal à l'aise, te grattant un peu nerveusement l'arrière de la nuque.

"Ce n'est rien, relevez-vous s'il vous plaît. Je n'ai pas été tendre avec vous non plus - et je ne m'en excuserai pas -."


Lorsque ton cerveau enregistras l'évocation d'un compliment, l’ego prit la place que la honte occupait timidement jusqu'alors.

"Je sais."

Bien habillée, sans maquillage. Pourquoi ? Manque de temps ? Désir de vouloir rester naturelle ? Non, parce qu'elle porte une teinture. Tu te poses la question une seconde de ce que lui irait le mieux, en terme de sophistication. Puis ta poche vibre. Elle tourne la tête rapidement, alors tu regardes ton téléphone.  09:30 PM. Un mail de la part de Ruby - une escort avec qui tu étais en négociation -, tu consulteras ça plus tard. Néanmoins, sa question subite te prends de court, tu bafouilles légèrement.

"Euh.. Je.. Oui, pardon. Je n'ai pas encore mangé non plus. Tu marques une pause. Qu'est-ce qui te fait le plus envie ? Tu ne sais pas vraiment, tu avais prévu de te faire des crudités en rentrant. Vous êtes véhiculée ? J'ai ma voiture juste là. dis-tu en montrant du doigt un véhicule sombre un peu plus loin."

Tu lui emboîtes le pas assez vite, la station debout t'est un peu douloureuse. Sans boiter exagérément, c'est avec difficulté que tu parcoures avec elle la centaine de mètre jusqu'à toi voiture. Bip bip. Tu ouvres le coffre, vide, propre, dans lequel tu poses ton sac.

"Vous pouvez poser vos affaires si vous voulez."

Puis tu le refermes au bout d'un moment avant d'aller à la portière avant.

"Daisuke Atsuji, et vous ?" lui adresses-tu par-dessus le véhicule avant de t'engouffrer dans l'habitacle.

ça te fait toujours quelque chose de t'installer à la place du conducteur, elle est confortable quand même. Tu n'as pas ta voiture depuis si longtemps, et il y a encore une odeur de neuf qui subsiste. Tu retiens un peu ta respiration avant de souffler quand il a fallut positionner ta jambe blessée sur les pédales. Ton muscle va refroidir et tu vas avoir l'air fin pour atteindre l'ascenseur de ton immeuble. Tu entends un bruit parasite, comme une personne qui parle en fond. La cibi. Assez vite, tu t'avances en avant pour baisser le volume de la station posée sur ton tableau de bord. Silence radio.

"Pardon."

Puis tu sors ton téléphone, le clipse sur le portique en plastique avant de le déverrouiller.

"Je vous écoute. Vous voulez manger où ?"

Quand tu y réfléchis un peu, une fois la salade sortie de ton esprit, tu mangerais bien coréen. De la viande, avec une sauce sucrée et épicée.
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Kira I. Koshar
Kira I. Koshar
Kira I. Koshar
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Kira I. Koshar
Sam 15 Juin - 22:00
T’as un sourire amusé quand il reconnait qu’il n’y est pas allé de main morte. Tu n’as jamais ressenti le besoin de te sentir flattée par la complaisance des gens ni de rougir dans ce genre de moment. À la place, tu affiches juste une expression sincèrement amusée et pleine d’énergie. Si tu devais te plaindre ou accepter la pitié des gens pour chaque petit coup, tu n’irais pas bien loin. Pas que tu te blesses souvent, mais que tu es un poil maladroite et tu préfères en rire qu’en pleurer.

« Pas de soucis. Tu réponds en te redressant et en riant franchement de bon coeur. Je n’attendais pas d’excuses particulières et je ne présente pas les miennes pour le combat en lui-même ou ma victoire, mais parce que je n’ai pas eu un comportement très respectueux. Tes yeux se tournent vers la porte du dojo, alors que ton sourire se transforme en une grimace presque gênée. Mon maître s’est fait une joie de me le rappeler. »

Ce n’est pas la première fois que des gens se doivent de te dire où est ta place et de ne pas en bouger. T’es trop motivée pour tout, trop enjouée aussi. Tu pourrais prendre malencontreusement les commandes d’une fusée par excitation en oubliant que ton rôle c’est simplement de la regarder décoller. Enfin, on ne te refera plus, non ?

Plutôt que de songer à cela, tu relèves un regard un poil surpris sur sa proposition de prendre sa voiture. T’imaginais aller dans un petit truc pas loin, là où tes talons et ton boitement pourront te porter, mais cette proposition te fait revoir tes plans en un claquement de doigts. Tu finis par hocher la tête avec un sourire.

« Si vous promettez de ne pas tenter de m’enlever, je suis plutôt partante ! »

L’éclat dans tes yeux suffit à crier à ceux qui y regardent que tu plaisantes. Et pour le marquer un peu plus profondément, tu emboîtés son pas vers une voiture qui te tire un haussement de sourcils. Eh bien, cet homme doit avoir les moyens pour profiter de ce genre de modèle. Tu ne boîtes quasiment pas jusqu’au coffre, parce que lorsqu’on apprend à marcher sur ce genre d’engin de torture, on est paré à endurer nombre de souffrances.

Avec un remerciement poli, tu déposes ton sac de sport en toile noire dans son coffre et tu rejoins le côté passager. C’est là qu’il te rappelle enfin que vous ne vous êtes pas présentés. Il t’offre son identité alors que tu te glisses sur le siège confortable, ton sac à main à tes pieds, jambes serrées l’une contre l’autre, attachant ta ceinture aussi vite qu’il démarre.

« Enchanté Daisuke. Tu regardes instinctivement dans le rétroviseur quand il recule pour sortir de la place, vieux réflexe de conductrice. Je m’appelle Kira Koshar et si cela vous va, je propose que nous passions au tu ? Le vous est d’un ennui mortel. »

Toujours ce sourire complice au coin de tes lèvres, et tu t’installes au fond sur siège. Tes mains viennent farfouiller dans tes cheveux alors que tu te détends, pas inquiète un instant d’être montée dans la voiture d’un presque inconnu. Et quand une radio grésillant se fait entendre, tu as un mouvement de surprise. Te redressant un peu de ta posture, tu tournes les yeux pour apercevoir une sibylle et deux hypothèses se forment dans ton esprit :

« Je suppose que tu fais partie de la police ? Tes yeux quittent l’objet pour s’attarder sur son visage pas si avenant que ça, même si ça ne te fait ni chaud ni froid. Chacun est tel qu’il est. Mon autre hypothèse est que tu sois un genre de Batman des temps modernes, mais la voiture n’est pas assez rapide et invisible. »

En riant, tu tends la main vers le téléphone qu’il a accroché et lancé sur une application d’itinéraire. En quelques pianotements précis, tu rentres une adresse à une quinzaine de minutes d’où vous êtes et tu lui expliques :

« Un petit indien avec une carte assez restreinte, mais chaque plat et un appel au voyage, j’espère que cela te plaira. J’y suis tombée par hasard en arrivant en ville et je crois que le pauvre homme a déjà compris qu’il ferait son chiffre d’affaires avec moi. »

Tes yeux se reposent sur l’avant, la circulation plus fluide en cette heure qu’à celle où les habitants quittent leur domicile. Tu finis à nouveau par laisser tes yeux vagabonder sur l’homme. T’es curieuse, et ça, tu ne pourras jamais t’en cacher, même si tu n’es pas du genre à te travestir.

« Ça fait longtemps que tu fais du karaté dans ce club ? Votre sensei m’a proposé de venir faire quelques séances de votre côté du dojo et je ne suis pas sûre que ce soit parce qu’il a vu un quelconque talent en moi. Tu hésites, finis par te mordre l’intérieur de la lèvre, puis reprends avec la franchise qui te caractérise. Tu es japonais, je ne me trompe pas ? »[/color]
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Daisuke Atsuji
Daisuke Atsuji
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Daisuke Atsuji
Jeu 20 Juin - 13:47
Un comportement peu respectueux hein ? ça te plaît qu'elle concède cela, puisque tu avais déjà cette analyse concernant son comportement. Si elle s'est montrée insolente, elle n'est néanmoins pas dépourvue de recul, ni d'un tant soi peu de manière. C'est déjà ça. Alors si sur l'échelle de l'humanité, elle passait un peu le premier barreau de respectabilité, tu allais faire de même. Première chose, et non des moindres, tâcher d'être un peu plus que non-désagréable. Tu entends les bruits de ses talons quand elle te suit jusqu'à ta voiture. ça te plaît, un peu.

"J'ai oublié le chatterton et l'éther à la maison, c'est votre jour de chance. Ce n'est pas avec ses chaussures que vous pourriez m'échapper."

ça n'est pas encore tout à fait ça, mais c'est un début. Ouverture de porte, fermeture, s'asseoir, déverrouiller le frein à main, se mettre en marche arrière. Kira ? C'est pas commun, et vu sa tête, tu doutes que ça vienne de ta langue. Koshar, ça fait plutôt Europe centrale, voire de l'est. K k.

"Comme tu préfères."
concilias-tu avec assez peu d'émotions, préférant définitivement le vouvoiement en presque toutes circonstances.

Rapidement, deux choses émergèrent dans ta tête. La première, elle parle beaucoup. La deuxième, elle dit les choses tels que ça lui vient. Pour l'instant, elle n'est pas désagréable, pour l'instant. Il ne s'agirait pas qu'elle ait le sens de la conversation pénible et imbécile comme ceux dont la vie se résume à des babillages à défaut d'avoir du vécu. Parce que tu n'as pas de gosse, et que tu ne comptes pas en adopter un d'un mètre soixante dix pour soixante kilos avec un 90-68-95.

"Au complet, c'est Inspecteur Détective Daisuke Atsuji, police de Charney. avant de te tourner vers elle avec une expression déterminée. Vos mains sur l'habitacle du véhicule." grimaças-tu en un sourire un peu maladroit en te retournant ton attention sur ton pare-brise.

Tu la laissas pianoter, en regardant si la netteté lumineuse de ton écran n'était pas flouée par le gras de ses doigts. ça a l'air d'aller. Une fois la destination rentrée, tu coupes l'assistant audio, ton regard périphérique te suffit et tu n'apprécies suivre deux conversations en même temps.

Pauvre homme était un mauvais choix de mot quand on considérer l'enrichir par une venue quotidienne. Et si elle y mangeait aussi souvent, elle n'aurait pas ce genre de courbes. Ou alors elle fait vraiment beaucoup de sport. Ou alors ce n'est qu'une façon de parler et tu sur-analyses la situation.

"Va pour l'indien. Je vous fais confiance."

Tu n'aimes pas trop la nourriture indienne. C'est un peu gras à tes papilles. Par contre, tu seras servis en épices. C'est déjà ça. ça y est, tu as trouvé presque une blague.

"Batman coffre des types en collants. La différence, c'est que je ne porte pas de collants."

C'est sans contexte la meilleur blague, d'après ton auto-évaluation, que tu as dites depuis ces deux dernières semaines. Tu serais presque fier, presque car l'humour, c'est à petites doses avant que ça ne devienne un poison dans une discussion, plutôt qu'un remède.

Ce qu'il y a de pratique, c'est que contrairement à d'autres, tu n'as pas besoin de faire la conversation, elle s'en charge très bien toute seule. Tu as seulement à répondre.

"Dans ce club, cela doit faire une dizaine d'années. Je n'ai plus trop le temps dernièrement, alors mes allers-venues sont irrégulières. J'ai pratiqué ici, au Japon, ça doit faire une vingtaine d'années au total. "


Elle ne t'a pas demandé de rouler des mécaniques, surtout qu'elle a une ceinture très respectable, mais tu l'as quand même fais.

"Si Genzō-sensei t'a proposé de venir, alors tu dois le faire. Il a pensé avoir quelque chose à t'apporter. Il est beaucoup moins misogyne que je ne peux l'être, tu devrais en profiter."

A dire vrai, c'est un peu un vieux de la vieille et là-dessus, vous avez été en conflit quand tu as une approche plus radicale que la sienne sur la mixité de la pratique du sport. Il tient à respecter une certaine tradition martiale, mais adaptée à des codes occidentaux et un contexte moderne. Pour toi, inflexible que tu es, on doit le pratiquer comme on le faisait auparavant.

Le GPS vous indique encore 10 minutes de circulation. Allons bon. Puis, une notification de messagerie instantanée vient couvrir le haut de ton écran.

"Ruby vous a envoyé :
Ok. A très vite, seigneur Atsuji, baise... - le reste du message étant coupé-"


Tu ne t'en rends pas compte, le regard fixé dans ton rétroviseur central depuis qu'une voiture n'arrête pas de te coller de façon suspecte depuis deux minutes. Puis ça disparaît assez vite.

"Sono tōri, naruhodo. ça veut dire oui je suis japonais."
prononças-tu très solennellement.

"Et vous, vous êtes américaine ?"

Une question assez fatidique, en somme.
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Kira I. Koshar
Kira I. Koshar
Kira I. Koshar
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Kira I. Koshar
Ven 21 Juin - 21:10
Tu as un mouvement d’arrêt devant sa réponse, la mine si sérieuse qu’elle pourrait te faire douter de ses volontés. Pourtant, t’es plutôt quelqu’un qui a une confiance aveugle dans les gens et tu ne tiens donc pas rigueur de son expression. Un rire te secoue, alors que tu t’amuses à surenchérir :

« En vérité, je suis bien plus habile sur des talons que la plupart des personnes, mais je pense que dans le cas où vous auriez essayé de m’enlever, je vous les aurais envoyés dans le nez le temps de m’enfuir ! »

Et puis tu t’installes et il démarre. T’es curieuse de nature et quand il prend son ton de flic qui arrête un suspect, tu éclates d’un rire virevoltant. T’as jamais eu un rire très fort ou très communication, par contre, tu émets toujours ce son clair et limpide, d’un naturel si profond qu’on ne peut pas douter de ton amusement.

« Enchanté, alors, monsieur l’Inspecteur Detective. Tu souris en ravalant doucement ton rire, installée au fond de ton siège. Ça a l’air d’être un peu prestigieux ça ? Ça te donne le droit de faire quoi en plus des simples policiers ? »

Tu l’imagines un moment assis dans un bureau circulaire à aboyer des ordres sur ses collègues. Franchement, avec sa mine un peu patibulaire ça ne t’étonnerait pas plus que ça, mais les marques qu’il y arbore témoignent sûrement d’une présence, actuelle ou ancienne, sur le terrain. Raaah, tu recommences à penser... Tu secoues la tête pour sortir de tes pensées.

« Hmm, laisse-moi en douter, tant que ce n’est pas vérifié, je ne peux pas affirmer avec certitude que tu n’as pas des collants sous tes habits. Batman doit être assez intelligent pour cacher son identité de super-justicier. »

T’es sérieuse, presque, en lui répondant ça. D’un coup d’oeil, tu observes son visage pour voir s’il se déride un peu. T’es pas totalement sûre qu’il se détende, mais t’as l’impression que c’est son naturel que d’être si froid. Pauvre de lui, il ne connaît pas les bienfaits d’un bon fou rire par jour !

T’écoutes ce qu’il te dit sur son club et sur son sensei et tu hoches la tête avec réflexion. Il a l’air expérimenté oui, et pas simplement pour le plaisir de faire du sport. Il est comme toi avec le Jujitsu, il l’a assimilé jusqu’au plus profond de lui. Et c’est sûrement ça qui te fait sourire avec douceur. Pourtant, quand il fait référence à sa propre misogynie, tu es secouée d’un rire franc, bref, avant de lui demander piquante :

« Vous vous sentez vraiment misogyne ? Alors que vous avez accepté ma proposition à dîner, et que vous me conduisez même jusque là-bas ? Je vous trouve plutôt ouvert comme homme, de mon point de vue. Ton sourire s’élargit alors que tu te tournes vers lui pour rajouter, sur un ton presque un peu de défi. Et puis, il ne tient qu’à moi de vous prouvez que les femmes peuvent être à votre niveau… même dans le combat. »

Tu n’es absolument pas violente ou virulente dans ta réponse, bien au contraire. Ça t’amuse et c’est typiquement le genre de remarque qui va t’accrocher, te donner envie de lui prouver qu’il a tort. Tu conçois assez facilement que tout le monde à ses défauts et ses qualités, mais ça ne te répugne pas. S’il est véritablement misogyne, mais qu’il te traite avec respect, tu n’en auras rien de plus à faire. S’il se montre odieux avec toi, tu tâcheras de lui rappeler qui a gagné !

« Japonais donc, je ne m’étais pas trompée. J’espère que mon japonais n’est pas trop rouillé, mais Hajimemashite Atsuji-san. Tu souris doucement en détournant pudiquement les yeux de son téléphone. Tu as reçu un sms. Puis, les yeux perdus sur la ville, tu finis par répondre. Je suis Russe de naissance, j’ai vécu au Japon un an puisque je parlais déjà là langue puis j’ai voyagé jusqu’ici. Tu hésites un instant avant de rajouter lentement. Je suis née à Sakhaline, la plupart de mes voisins étaient bilingues. »

Clairement, tu hésites toujours à répondre sur ce sujet parce Japonais et Russes à propos de ces îles, c’est un conflit perpétuel que tu as fui rapidement à ta majorité. Tes yeux balaient l’extérieur, puis tout à coup, cette légère tension disparaît alors que tu tends le doigt vers un panneau lumineux, au loin :

« C’est là-bas ! Je crois qu’on peut se garer dans la rue de gauche, à la prochaine intersection. Personnellement, je m’en sortirai pour marcher jusque là-bas. À vous de voir comment vous vous sentez pour marcher. »

Tu n’insinues pas qu’il est faible ou qu’il ne peut pas l’être. Tu le laisses faire son choix (de toute façon c’est lui qui conduit, pas toi), et trépignes presque sur le siège à ses côtés. Une seule pensée tourne dans ta tête… Tu as FAIM !
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Daisuke Atsuji
Daisuke Atsuji
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Daisuke Atsuji
Jeu 27 Juin - 17:43
Quand elle t'a annoncé être plus habile que beaucoup de femmes avec des talons - elle a dit personne, mais aucun homme ne porte de talons, donc appelons les choses par leurs noms -, tu as eu un certain sourire. Tu doutais qu'elles connaissent les mêmes que toi. Enfin. Pour le reste, tu as un sentiment qu'elle doit avoir un certain goût pour la confrontation, ou alors il lui en faudra un, au vu de vos échanges verbaux. Car si son humour est au second degré, répondre avec du sérieux, même en étant parfois dur, est quelque chose qui te fait rire intérieurement et constituera certainement tes futures réponses.

"Inspecteur, c'est le rang. Détective, c'est la fonction. J'ai plus de salaire, moins de compte à rendre. En tant qu'inspecteur, je peux commander des gars. Et en étant détective, on attend pas de moi le travail d'un policier standard. Je ne m'occupe pas des plaintes pour violences conjugales, cambriolages, de petits dealers, la circulation, la sécurisation d'une visite diplomatique, etc. C'est plutôt meurtre non élucidé, violeur multirécidiviste, lettre anonyme, etc. C'est quelque chose d'un peu différent."


Différent, mais toujours moins intéressant que ce que le FBI aurait pu te proposer en terme d'évolution professionnelle. Et ça te fait chier, et tu grinces un peu des dents. Par chance, elle te fait rapidement penser à autre chose. Elle est bête, nigaude, mais c'est presque sympathique.

"Puisque je dis que je ne suis pas Batman, cela signifie que je cherche à cacher. Pourquoi pas. Que se passe t-il si je déclare ne pas être la réincarnation de Jésus ?"

C'est vrai, pourquoi pas si l'on poursuit la logique. Mais te faire crucifier une deuxième fois, très peu pour toi. Surtout s'il s'agit de le faire pour le salut de... d'un jeune connard qui préfère discuter avec sa date au lieu d'avancer lorsque le feu passe au vert. Tu n'apprécies pas ceux qui sont exagérément agressifs en voiture. Tant que cela reste des postillons injurieux crachés dans l'habitacle du véhicule, c'est très bien. Tu n'allais pas quand même le dépasser par la droite... si ? Non. Un coup de klaxon franc, et il bouge le gros cul de la berline grise de ses parents.

"Pardon. Je me suis mal exprimé, à cause du con devant nous. Je suis machiste - pourquoi les occidentaux ont inventé un mot pour désigner un comportement tout à fait normal ?. Je considère que la femme a un certain rôle à remplir, une certaine place à occuper. Par exemple, si je revenais au Japon avec une femme, je considérerais que sa place serait à un cours de couture, non dans un dojo."

On installe le décor, on positionne ses doigts.

"J'ai accepté car ça aurait été incorrect de refuser. Et c'est mon rôle d'homme de t'y conduire. L'ouverture que tu me prêtes, c'est parce que je ne te l'impose pas, que je ne vais pas l'afficher ostentatoirement. Vous, les occidentaux, vous méprenez notre discrétion pour de la tolérance. Si vous saviez ce qu'on pense de votre féminisme au Japon."


A dire vrai, tu n'en sais pas vraiment grand chose. Tu te plais à penser de cette façon, et à penser que le traditionalisme nippon continue de survivre en inculquant ce genre de valeur.

Maintenant, abattre le clou.

"Quant aux femmes à l'égal des hommes. Si c'était vraiment vrai, les compétitions sportives seraient mixtes. Et les records mondiaux seraient proches. Il n'en est rien. Il vaut mieux cultiver nos forces respectives que d'essayer de se ressembler."


C'est avec un soupçon de nostalgie que tu as prononcé cette dernière phrase, caressant du pouce le dessous de ton annulaire gauche.

Tu l'as écouté attentivement. Japonais correct, pour une occidentale.

"Ah. Je regarderai plus tard." dis-tu en toute réponse d'information de réception du message.

Russe. Sokhaline. Qu'elle soit née même dans la partie japonaise, elle n'en a pas le visage, alors elle ne l'est pas.

Tu regardes un peu l'allée qu'elle te désigne. Hmm, non.

"Je vais voir si je trouve une place ailleurs."

Et... pas de place devant le restaurant. Tu vadrouilles, avances de deux feux. Puis fais demi-retour à un rond point. Toujours pas. Shimata. Tant pis. Tu tournes à droite, donc dans l'allée à gauche initiale. Tu te gares devant un véhicule avant de couper le moteur.

"Désolé pour les tours pour rien. Je cherchais une place devant le restaurant. Je la préfère là où je peux la surveiller."

Tu extirpes ton téléphone du cadran plastique et ton corps du véhicule avec un peu de difficulté. La curiosité est un peu trop tentante alors tu regardes rapidement le contenu du message, avant de fermer ta porte. Parfait. Un sourire sincère te grimpe jusqu'aux oreilles, avant de retomber innocemment et progressivement quand ton regard rencontre le sien. Tu verrouilles les portières, puis tu commences à avancer.

ça fait deux fois en un mois qu'une femme t'invite. C'est parfaitement curieux et inhabituel, ainsi que particulièrement agréable. Tu te doutais bien que la teneur du dîner à venir n'allait pas être la même qu'avec Mademoiselle Aoki, mais tout de même, cela signifiait quand même quelque chose.

Alors cette fois, tu veux faire un peu plus... mieux ?

"Vous voulez épuiser les sujets de discussions sur le chemin ou une fois sur place ? Je ne suis pas très fort pour faire la conversation."

Tu as à chaque fois un petit mouvement de recul du bas du corps quand tu poses le talon sur le sol, avant de prendre une grande enjambée afin de faire des pas longs mais peu nombreux.
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Kira I. Koshar
Kira I. Koshar
Kira I. Koshar
∞ MESSAGES : 25
Kira I. Koshar
Mer 3 Juil - 14:50
« Ohh, je comprends… tu es l’un de ces policiers toujours en charge des affaires les plus sombres dans les bonnes vieilles séries de mon enfance ? Cold Case ou NCIS, tu vois ? Tu souris en évoquant ces séries que tu regardes encore par moment. T’es du genre à sauver des gens in extremis en chaussant des lunettes de soleil ? »

Tu ris à cette idée, mais ton rire s’envole encore plus haut quand il extrapole ta moquerie sur Batman à Jésus. Tes mains montent à ton visage pour y cueillir les probables larmes d’amusement qui risque de s’y former. Tu te laisses retomber au fond du siège alors qu’il s’énerve d’un coup contre le chauffeur de devant. Ça ne te fait ni chaud ni froid, tu le regardes juste du coin de l’oeil.

« Eh bien, voilà une drôle de manière de pensée. Tu aurais été content 50 ans plus tôt, mais toute la société nous pousse à nous accepter les uns et les autres, désormais. Un sourire pernicieux grimpe sur tes lèvres, sans te vexer de ses propos. L’année que j’ai passé au Japon m’a permis de me rendre compte que même chez les sensei cette mentalité évolue. Je n’ai jamais eu un professeur qui m’ait refusé l’entrée de son dojo. Pas plus qu’aux Japonaises que je fréquentais. »

Tu es certainement un peu surprise d’entendre de tels propos dans sa bouche, mais tu crois foncièrement au fait que chacun peut avoir l’avis qu’il veut. Et quand il t’énonce ses arguments, tu ne peux chasser le sourire amusé de tes lèvres. Il réfléchit d’une manière aussi abrupte que sa parole ou son visage taillé à la serpe.

« Je ne suis pas si occidentale que ça, au final, et je n’ai pas vu le même comportement au Japon. Tu le contredis en t’amusant de pouvoir débattre de ce genre de sujet avec quelqu’un comme lui. Il ne faudrait pas que tu penses ton avis comme celui d’un peuple. Il y a de tout au Japon, de même qu’il y a des gens qui pensent comme toi en Europe ou ici en Amérique. »

Mais tu ne forces pas plus le dialogue. Tu repousses son argument de la différence de physionomie entre femme et homme d’un mouvement de main et d’un léger mouvement de main. Si les femmes et hommes étaient sur le même plan physique, la femme courrait aussi vite que les hommes, mais en contrepartie, ils subiraient autant de douleurs qu’elles. Et ça, personne n’y pense. Chacun sa discipline, c’est le sort de la nature.

Tu te refais silencieuse sur le reste du chemin en le regardant chercher une place, puis revenir vers là où tu lui as indiqué un endroit pour se stationner. Il n’y a pas à dire, ce sera ta petite victoire du jour. En plus de cette rencontre amicale au dojo, surtout.

« Tu crains de te faire voler ta voiture ? T’es un peu surprise à ses explications sur la recherche de stationnement en sortant de l’habitacle souplement. Tu es un inspecteur, j’imagine assez bien que tu as dû la protéger plus que simplement avec ce que le fournisseur a placé. Tu me dirais que tu y as mis un gps dans la boîte à gants que ça ne m’étonnerait pas. »

Tu as un genre de sourire médusé et amusé en même temps, parce que cette idée est saugrenue, mais ressemble étrangement bien à ce qu’est Daisuke à tes yeux. Et c’est en avançant doucement vers lui, perchée sur tes trop hauts talons que tu vois le sourire sur son visage. Ça te fait bizarre, un instant. Il serait presque agréable avec ce masque, mais ça redescend de ses lèvres rapidement et tu préfères ne pas relever. Ça ne te regarde pas, après tout.

« Eh bien, ça m’étonnerait qu’en un trajet et un repas, nous ayons fait le tour de tout ce qui nous caractérise, ou de ce que l’on voudrait parler, donc je te dirais bien que j’espère bien que nos chemins se croiseront pour continuer la discussion. »

Tu es sincère et douce. La fraicheur de la soirée fait retomber un peu ton hyper activité et en boitillant légèrement sur ta chaussure, tu remontes la rue avec Daisuke. Quand tu arrives devant le restaurant, tu tires la porte et lui fait signe d’entrer le premier, puis tu te glisses dans la pièce odorante à ton tour.

« Yasaar, c’est moi ! Tu lances d’une voix heureuse, alors que la salle est silencieuse vu l’heure qui avance.
-Kira ! Le quarantenaire qui pointe son nez de la cuisine vient vers nous les bras ouverts en souriant. Il attrape la main de l’inspecteur et la serre avec entrain avant de poser ses lèvres sur mon front. Que puis-je pour toi ?
-Tu aurais 2 places pour nous et quelques naans au fromage d’avance ? J’ai faim !
-Toujours pour toi. »

Et en deux temps, trois mouvements vous voilà installés dans une alcôve calme, une carafe d’eau et des naans posés entre nous.

« Il est adorable. Tu expliques à l’homme qui te fait face. Et ses naans sont les meilleurs de la ville ! Tes yeux s’accrochent à son visage alors que tu commences déjà à manger un de ces délicieux pains indiens. Alors comme ça, tu n’es pas doué pour faire la discussion ? Il n’y a donc rien que tu veux savoir sur moi ou ce que je pense ? »

Tu es bien trop curieuse, c’est certain.
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Daisuke Atsuji
Daisuke Atsuji
Daisuke Atsuji
∞ MESSAGES : 114
Daisuke Atsuji
Lun 8 Juil - 13:59
Quand elle t'a évoqué deux séries de son enfance, ça t'a donné un sérieux coup de vieux. Tu avais regardé quelques épisodes alors que tu avais trente ans et déjà plusieurs années de service derrière toi. Petite conne va. Il doit y avoir au moins une quinzaine d'années qui vous séparent, facile.

"Hmm. C'était plutôt le boulot de mon adjoint. Je suis plutôt du genre à guetter un criminel pendant des nuits entières pour être sûr de l'avoir en flagrant délit. Je ne suis pas un bon sauveur, plutôt un  prédateur."

Qu'est-ce qui t'a pris d'évoquer Gaby sans le nommer avec une inconnue ? Elle oubliera sûrement son existence et le fait que tu l'aies mentionné à l'imparfait. Un rapide coup d’œil dans le rétroviseur central, le contour de ses yeux et des oreilles, rétroviseur latéral droit, la couleur de ses joues.

"Chacun sa spécialité." concluas-tu sans trop de conviction pour clore le sujet de ton activité professionnelle.

Elle rit. Trop. Ou alors tu as un talent comique insoupçonné. Tu ferais un one-man show où toute l'astuce comique résiderait dans le fait que tu n'y arrive pas, et ça deviendrait donc drôle de te voir tenter des mots d'esprits. Pauvre de toi. Mais bien heureusement, un répertoire plus froid et pragmatique occupe sur la scène et tu as plus d'assurance à donner de la voix.

"La société accepte les négros, les travelos, les néo-nazis, les musulmans intégristes, les bouffeurs de tacos, c'est bien connu - c'est indubitablement cynique de ta part, compte tenu des guerres de gang inter-ethniques dont tu connais l'existence. Quant à ceux qui ne côtoient pas la misère humaine qu'ils pensent combattre, ils n'acceptent pas qu'on veuille faire différemment d'eux. Votre tolérance est dirigée vers ceux où vous êtes d'accord avec leurs agissements. Elle est aussi irréelle que les bienfaits de votre combat."

ça y est, tu commences à monter dans les tours. C'est pour ça que tu ne discutes pas habituellement. Tu n'aimes pas discuter de la société - alors que d'une certaine façon, c'est toi qui a mis ça sur le plancher, passons -, ça te rappelle à quel point tu souhaiterais vivre dans un endroit selon tes convictions, et ça n'est certainement pas Charney. Le monde change, elle a raison, mais ça n'est pas pour le mieux, et tu te plonges dans le travail pour ne pas y accorder d'attention.

"Quant au Japon. Tu n'es pas une femme là-bas, tu es une gaijin. C'est bien différent. Nos règles ne s'appliquent pas à toi. Ne crois pas que les étrangers soient nos égaux. Tu as la gueule d'une occidentale, ça suffit pour que tu le sois, que tu aies été éduqué au fond de la Somalie comme chez les inuits. Alors cette année que tu as passé chez nous, les discussions que tu as pu entendre, ça n'est représentatif de rien !"

Tu t'es écouté parler. Et tu t'es entendu de la même façon que ces prédicateurs de la pensée unique que tu conchies à la radio. Pourquoi dis-tu ça, de cette façon, à cette personne ? Elle dit des conneries, c'est une chose, mais c'est une citoyenne, tu lui dois un minimum de respect à deux reprises. La première, parce que tu es un homme. La deuxième, parce que tu es un flic.

"Aherm. Yurushite Kudasai. Je suis... désolé. Je m'emporte un peu facilement quand on parle de ce genre de sujet. Je n'aurai pas dû m'adresser à toi de cette façon. Mō Shimasen. Je préférerai que l'on change de sujet si tu es d'accord."

L'attente du consentement de sa part, c'est la contre-balance logique de l'excès de véhémence qui est ressorti de tes phrases. En temps normal, tu aurais omis cette délicatesse. Cette bévue commise, tu t'emmures dans le silence, le temps que ton esprit échaudé reprenne son sang-froid habituel.

Pourquoi as-tu dit ça ? Elle n'est rien, qu'une personne que tu croises. Cette rencontre, cette discussion n'a aucune incidence. Pourquoi te donner autant de mal ? Prends de la distance, sans être distant. Ta jambe te fait souffrir un peu quand tu appuies sur la pédale d'accélération. C'est ça, prendre du recul.

"Peur ? Non. Mais j'aimerai autant veiller à ce qu'elle reste en bon état. Je passe déjà mon quotidien à agir à posteriori des crimes, je veux pas de ça dans ma vie personnelle."

Vous marchez côte à côte. Tu lui donnerais bien un petit coup d'épaule pour la pousser, si elle est si forte avec des talons que ça. Tu l'as laissé parler, c'est pas désagréable. Elle t'ouvre la porte - ah bon ? -,ce à quoi tu réponds avec un sourire et un signe de tête entendu. Éduquée la petite, malgré une réflexion que tu trouves déconnectée du réel.

Puis tu rentres avec elle. Tu t'attendais à entendre un vacarme de couvert et de paroles, mais il n'en est rien. Il y règne quand même une certaine chaleur par rapport à l'extérieur, et certaines saveurs restent insistantes dans l'air. Tu serres la main du paki avec réserve, tu ne sais pas ce qu'il a touché et sa main transpirait.

"Et un jus de fruit bien frais, s'il vous plaît." ajoutas-tu à la commande des naans.

Tu poses ton blouson sur le dossier de ta chaise, ton téléphone sur la table avant de t'asseoir. L'endroit n'a rien de très particulier, mais cela te convient assez bien. Tu y espères surtout de la bonne chaire.

Tu as un verre d'un liquide orange en face de toi, probablement du multi-vitaminé qu'ils te factureront au prix de la bouteille. Tu lui souhaites un bon repas - l'appel de son ventre est-il plus fort que les convenances - avant de porter un des pains à ta bouche. Tu n'aimes pas spécialement le fromage mais il te faut bien manger.

"Il a l'air de t'apprécier, corrigeas-tu en un sourire. Disons que... Poser des questions, apprendre à déceler le faux du vrai, mener la personne où l'on souhaite, anticiper les réactions, pour finalement apprendre à quel point les personnes sont fausses et odieuses, cela compose déjà mes journées. Puis tu prends une gorgée, pas terrible le mélange jus de mangue et fromage. J'ai envie d'autre chose. Je te propose ça. Tant que ton ami n'est pas venu, nous nous disons rien. Tu peux me regarder sous toutes les coutures, imaginer ce que tu veux de moi, réfléchir à des questions. Nous passons commande, puis on dit ce que l'on pense avoir déduit de l'autre à travers l'observation. Ensuite, nous ferons comme bon te semble."

Tu pars clairement avec un avantage à ce petit jeu là. Mais cela aura le mérite de changer des habitudes que elle ou toi pouvaient connaître. Ce qui est classique, c'est terriblement ennuyeux, non ?
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Kira I. Koshar
Kira I. Koshar
Kira I. Koshar
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Kira I. Koshar
Sam 13 Juil - 15:25
Tu l’écoutes parler avec un étonnement aussi puissant que la curiosité de comprendre. Pourquoi un homme comme lui, qui a offert sa vie à la justice pense-t-il comme ça ? Comment vit-il avec cette dualité ? Est-ce depuis son enfance ? Est-ce par son éducation ? A-t-il vu ou vécu des choses qui ont changé sa perception du monde ? Tu le sais, Kira, tu as envie de savoir qui il est, maintenant. Tu t’en fiches bien qu’il se montre impoli ou que son comportement soit inapproprié. Tu es curieuse, et la curiosité est ton moteur. Et Daisuke est une énigme qui te tente beaucoup trop.

En tout cas, te voilà à sourire. Sincèrement, avec un intérêt que tu ne feins pas. Tu ne l’interromps pas, tu le laisses dévoiler ces quelques lignes de sa trame qui te donnent bien plus d’informations que ce qu’il peut laisser trahir dans son comportement. Il ne faut pas croire, mais les sujets sensibles, ceux sur lesquels ont s’implique sont bien plus parlant que toutes autres questions personnelles.

Et quand il te demande de cesser de discutailler sur ce sujet, ta tête se penche sur le côté alors que tu regardes dans ses yeux sombres. Tu aimerais savoir si c’est fini fini, ou si c’est fini pour avoir le dernier mot. Tu décides pourtant de lui donner une victoire sur cette bataille, parce que tu ne le connais pas assez pour oser te battre sur ce genre de sujet.

« Changeons de sujets, alors, mais nous en reparlerons un jour. Je suis assez curieuse de comprendre pourquoi tu penses comme ça… de même que j’aimerais pouvoir faire entendre mon point de vue sur le sujet. Ton sourire retombe un petit peu alors que tu te détournes de lui. Ce n’est pas très fair-play de me faire tenir des propos qui ne me correspondent pas. »

Et vous voilà arrivé. Sortir de la voiture, marcher, entrer, s’asseoir dans le restaurant. Tu prends la tête de votre étrange duo avec un naturel qui ne peut que dire à quel point il est dans ta nature de donner la même galanterie que les femmes attendent des hommes. Pour toi, les femmes et les hommes, ça n’a aucun sens. Il y a des humains et c’est tout.

« Et bien, voilà une drôle de proposition pour un repas amical, mais si cela peut t’amuser et te sortir un peu de ton quotidien, je suis partante. »

Tu souris, mais alors que tu devrais t'intéresser à lui, tu finis simplement par t’installer confortablement à table et récupérer ton téléphone dans la poche de ta veste. Tu vérifies tes emails et tu notes un changement de rendez-vous avec un patient que tu n’as encore jamais vu. Ensuite, tu bois un peu d’eau en profitant du silence. Il ne faut pas croire, mais même si tu parles toujours à outrance et avec exubérance, tu adores le silence aussi. Ça te fait souffler et ça calme le merdier qu’il y a en haut, dans ton crâne.

Tu finis par ramener tes yeux sur lui. Tu ne le regardes pas dans les yeux, parce que ça serait sûrement un peu de la triche, quand on connaît ton métier. À la place, tu effleures les cicatrices sur son visage de tes yeux lumineux, et tu descends sur ses mains, sur les tics qui peuvent affecter son attitude. Tu ne réfléchis pas vraiment à ce que tu diras de lui. Tu dois plutôt trouver comment le dire. C’est ça ton job, ce soir.

Yasaar revient enfin avec son sourire communicatif. Il vous demande ce que vous souhaitez manger et tu réponds aussi sec que tu veux un Tikka Massala, comme d’habitude, et il rit. Il prend la commande de l’inspecteur et repart. Et toi, tu ramènes tes yeux à Daisuke. À ses prunelles. Tu romps le silence.

« Je commence, tu veux bien ? Je dirais que tu es quelqu’un d’intransigeant et de droit autant dans ton travail que dans ta vie personnelle. Tu es accroché à certains aspects de ce que tu peux dire de toi : la puissance, la maîtrise de toi, l’assurance. Tu n’aimes pas te montrer, tu préfères le mystère qui t’entoure. »

Je m’arrête lentement, pour réorganiser mes pensées alors que ma voix est plus lente que d’habitude. Chaque mot est réfléchi, posé, choisi. Tu laisses les secondes passer.
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Daisuke Atsuji
Daisuke Atsuji
Daisuke Atsuji
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Daisuke Atsuji
Ven 19 Juil - 13:23
Tu as un petit rictus amusé lorsqu'elle consent à ton petit jeu. Et alors, très rapidement, tu passes au crible le moindre petit détail s'offrant à ton regard méticuleux. Tu évites ses yeux, quand elle te regarde en tout cas, cela orienterait ton analyse selon tes projections propres. Tu commences par son visage. Le grain de sa peau, la profondeur des traits (extrémité des yeux, milieu du front, creux des joues), les cernes sous ses yeux, la présence de cicatrices ou non, la dernière fois qu'elle semble être allé chez le coiffeur, a t-elle une pilosité particulièrement prononcée, la fraîcheur de sa teinture, si des nerfs apparaissaient dans ses globes oculaires, la façon dont elle se maquille, la présence de certains piercings à l'oreille, si elle s'épile les sourcils, a t-elle des rougeurs autour des narines ou à la commissure des lèvres, a t-elle des marques de coups, le nez cassé, la présence de tics nerveux (se mordre la joue, se gratter le visage, clignement des yeux trop répété, etc.). Avec ça, ça te permet de sculpter une certaine image mentale de sa personne, avec quelques bords flous.

Maintenant le corps. Le niveau de vie de sa tenue, la présence de talons, l'état de ses ongles, a t-elle de la corne sur les mains, son rythme respiratoire, le soulèvement de sa poitrine ou de son ventre lors d'une inspiration, l'amplitude de ses vêtements pour cacher ses formes ou non, sa tenue sur la chaise, son poids, sa taille, ses mensurations, la présence de tics nerveux (tapoter des doigts, resserrer les jambes, changer souvent ses bras de position, etc.), a t-elle des marques de piqûres, de suçons, de tatouages, a t-elle une alliance, des bijoux quelconques. Ses vêtements sont-ils particulièrement inadaptés au contexte, sont-ils chers, neufs, soigneusement choisis pour composer une tenue cohérente et agréable, provocants, faits pour passer inaperçue. Là-dessus, ça ne t'aide pas beaucoup. Disons que ça contribue à écarter certaines pistes qui étaient moins que probable, donc indirectement ça renforce tes convictions actuelles.

Là-dessus, il ne reste que le dernier morceau, le comportement. Les actes et les mots - tu l'as bien vu s'occuper de son téléphone, ça rentre déjà le processus d'interprétation -. Alors tu fermes les yeux pour maximiser la remémoration de votre échange. Le combat, devant le dojo, la voiture puis l'arrivée au restaurant. Les mots, les tournures, les silences, qu'elle a pu employé. Ce sur quoi elle a pu sourire, ou faire la grimace. Qu'a t-elle fait / dit de normalement normal, excessivement normal ou anormalement normal ? Le son de sa voix a t-il changé lorsque vous sembliez en désaccord ? La façon dont elle s'est jeté sur toi quitte à prendre des coups, la force qu'elle a pu déployé - ou à défaut, la technique -.

ça y est, tu rouvres les yeux, puis tu as fais le tour. Il te reste du temps, mais plus tu y réfléchirais, plus tu pourrais t'y perdre. L'instinct se trompe peu, ou en tout cas, le tien n'est que rarement contredit par ta réflexion qui peut s'en suivre. Autant limiter l'effort et l'égarement. Presque fier de tes conclusions, tu sirotes tranquillement ton verre pendant que tu l'observes t'observer.

Tu commandes un curry aux crevettes - diététiquement, tu aurais dû éviter la viande à ce repas-ci, donc des fruits de mer, ça compte pas tout à fait, si ? - ainsi qu'une demi-bouteille d'eau gazeuse. Et là, tu l'écoutes, assez attentivement.

Tu es plutôt déçu. Non que son analyse soit erronée, elle est très vraie, mais elle décrit des évidences qu'il est permis à tout le monde - muni d'un cerveau fonctionnel - de deviner pour le peu de temps et de mots que vous avez partagé. C'est très... facile, mesurée, presque conventionnel selon toi. Chiant, en un mot.

"Intéressant. Je pense que le terme mystère n'est pas très adéquat, je préfère discrétion et pudeur - c'est assez faux, tu adores qu'on puisse réfléchir à ce que tu es -. Concernant le reste, c'est très vrai. Merci de ta réponse."

Tu fais craquer tes doigts, prends la dernière gorgée de ton jus de fruits avant de poser tranquillement tes avants-bras sur la table.

"A mon tour. Voici ce que je lis. Tu es une femme juste en-dessous de la trentaine. Tu as un goût du conflit, notamment avec les hommes, qui me fait dire que tu travailles dans le social, ou que tu as grandis dans une fratrie. Tu n'es pas hétérosexuel. Je doute que tu aies fumé plus que des joints. Tu n'es pas mariée, et si tu es célibataire, c'est par choix de ta part. Tu es objectivement trop séduisante pour que tu n'aies pas trouvé quelqu'un. Ce n'est pas un compliment. Tu es capable d'encaisser une certaine dose de douleur. Tu es quelqu'un à l'écoute des autres et tu n'hésiterais pas à enfreindre la loi modérément pour obéir selon ton propre code moral. La cohérence entre tes convictions et tes actes doivent être forte, sans quoi tu te sens déboussolée. Tes habits me disent que tu fais partie de la classe moyenne. Si tu as l'habitude de manger au restaurant, c'est que tu as les moyens et que tu fais le sport en conséquence pour garder cette ligne, soit beaucoup. Tu ne te fais pas vomir, j'ai regardé le bout de tes doigts."

Tu t'interromps un instant pour observer les allers-venus de son acolyte, tu n'as pas envie d'être coupé par l'arrivée des plats.

"Tu es quelqu'un d'évidemment sociable. Les nerfs visibles dans tes yeux me font dire que tu dors peu, et ton anti-cerne me dit que tu ne veux pas que ça se sache. Tu es maquillée, cela signifie que tu te soucis de ton apparence et de ce que l'on pense de toi. Je pense que c'est en partie à cause de ton travail. Tu n'as pas l'air spécialement narcissique. Tu es bien éduquée, donc probablement par tes deux parents. Et pourtant tu as utilisé ton téléphone, ce qui est discourtois. Ce n'est pas un reproche. Soit tu travailles grâce à celui-ci, ou alors tu es attachée à quelqu'un, des quelqu'uns peut-être. Tu as une hygiène de vie irréprochable. Et pourtant tu manques de sommeil, ça peut être la drogue ou un rythme de vie particulièrement actif. Tu n'as pas de traces de drogué, de ce que j'ai pu voir. Je n'ai pas plus d'indices sur ta sexualité. Tu votes démocrate, même si tu crois peu dans le vote. Tes parents sont toujours en vie et tu essaies de les voir un maximum. Tu apprécies voyager, même si tu ne peux pas le faire autant que tu le peux. Tu as un minimum de culture pour développer un esprit critique, mais peut-être pas suffisamment pour avoir un esprit pertinent
, achèves-tu avant de prendre une pause pour te racler la gorge. Je vais m'arrêter là."

Tu prends la peine d'observer ses réactions, avant d'adoucir l'atterissage.

"Et je veux bien continuer à passer ma soirée avec toi, en dépit ou grâce à ce que j'ai pu lire de toi. J'ai faim."
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Kira I. Koshar
Kira I. Koshar
Kira I. Koshar
∞ MESSAGES : 25
Kira I. Koshar
Lun 22 Juil - 14:47
Ce qui est drôle avec ta manière de parler dans ce genre de moment, quand tu te permets d’analyser quelqu’un, c’est que tu deviens complètement quelqu’un d’autre. Tu fais partie de ces gens qui sont de vraies pipelettes, qui parlent vite et longtemps. Tu as toujours créé plein de bruits autour de toi, et tu sais que ça fatigue ou énerve les gens, la plupart du temps. Et pourtant, lorsque tu as ouvert les lèvres pour répondre à Daisuke, ta voix était différente. Calme et sérieuse. Ton ton était plus lent, avec des pauses pour bien marquer tes remarques et vérifier ses réactions.

C’est comme ça que tu vérifies aussi la manière dont tes propos sont réceptionnés. C’est comme ça, visiblement, que tu lui laisses la porte ouverte à croire que tu as fini de parler. Alors que tes lèvres s’entrouvrent pour reprendre, continuer ton analyse, Daisuke te coupe. Il a visiblement décidé que tu avais fini, et ça te donne une autre information.

Un sourire doux, légèrement moqueur, totalement ouvert se pose sur ta face alors qu’il te remercie puis part dans un long discours détaillé. Tu écoutes ses remarques en hochant la tête, comme lorsque tu dois former des internes à ta spécialité et qu’ils t’expliquent ce qu’ils voient d’un patient et pourquoi ils le voient. Tu es comme une enseignante qui apprécie ce don peu commun d’analyse les autres.

Tu restes silencieuse tout du long, avec simplement cette surprise croissante de le voir tirer juste par moment. Et quand il finit, tu affiches une moue appréciatrice en hochant encore une dernière fois la tête. Les plats sont arrivés, et tu mélanges un peu de riz avec ton poulet, sans le manger pour autant. Tu préfères reprendre la parole.

« Je me permets de prendre le temps de te donner une réponse en deux temps, d’accord ? Tu attends qu’il acquiesce pour reprendre. Premièrement, sur ce que tu as vu en moi, je suis sincèrement bluffée. Je sais qu’il est dans le travail de la police de comprendre à qui ils ont affaire, mais ton esprit d’analyse te permettrait probablement d’être profiler et d’en tirer quelque chose d’encore plus précis. Ton sourire s’étire à cette idée. Tu as déjà été consultante pour la police à New York. Tu as vraiment bien utilisé tout ce que tu voyais de moi, il te manque juste… l’idée que les indices sont parfois là pour t’induire en erreur. Tu as vu juste pour certains détails et d’autres sont… complètement faux. Tu ris un peu, en repassant rapidement dans ta tête des exemples que tu pourrais lui donner. Typiquement, prends mes yeux. Tu as raison, je suis fatiguée, je dors très peu. Pourtant, ceci ne me dérange pas, et je ne suis nullement gênée d’en parler à des inconnus. Si je me maquille, c’est pour rentrer dans le stéréotype de la société. Cela me permet d’être acceptée comme une femme qui vit sans sommeil, mais qui préfère paraître forte. Dans mon métier, c’est quelque chose d’important. Je mens sur ce que je suis, dans ce cas précis, pour rassurer mes patients et donner au monde la référence qu’ils attendent de moi, même si je n’y adhère pas. »

Tu as parlé beaucoup trop en une fois, et tes yeux se font un peu plus inquiets quand tu les poses sur lui. Tu n’as pas envie de lui faire peur ni de lui faire croire que tu le prends de haut. Sans le savoir, Daisuke t’as proposé un jeu dans lequel rares sont les personnes qui peuvent t’égaler. C’est comme si tu avais défié un athlète des JO dans sa discipline, sans le savoir.

« Je viens à mon deuxième point. Tu ne te départis pas de ton sourire, même si tu as une légère moue désolée qui vient s’y mêler. Je n’avais pas fini mon analyse quand tu m’as interrompu alors je vais la finir, brièvement. Tu es une personne qui a beaucoup trop confiance en elle, c’est une force dans ton métier, mais c’est un point dans ta vie personnelle. Je suppose que tu fumes, bois. Vu ton teint et les légers tics qui agitent parfois tes gestes, j’imagine que tu prends un excitant, légal ou non, mais je m’avance peut-être un peu trop. Tu lèves les mains comme pour plaider coupable, avant de porter l’eau à tes lèvres. Tu es seul, et tu combles ta solitude par des relations que tu peux contrôler. Tu n’es pas proche de tes collègues parce que tu ne leur fais pas confiance. J’imagine que cet adjoint à l’imparfait de tout à l’heure joue un rôle dans cette distance que tu mets au boulot ? Mes yeux remontent sur son visage, détaillant ses yeux sombres. La manière dont tu pratiques le karaté me dit que tu aimes tes racines et que tu penses également avoir la vérité sur ton peuple. Tu es traditionaliste, tu hais certainement l’Amérique et ses moeurs. Tu as une certaine image de la femme, donc tu as été avec quelqu’un, une fois… peut-être deux, mais pas plus. Tu as dû souffrir en amour, ou avoir suffisamment peur pour refermer cette porte sur une autre dimension de ce monde. Pour toi, il n’y a pas d’amour, mais certainement du sexe contrôlé. J’imagine qu’il s’agissait d’une prostituée tout à l’heure ? Tu es donc dominant, peut-être sadique, certainement en pleine maîtrise de tes relations. Tu n’aimes pas la nouveauté, tu préfères te protéger dans les habitudes et manies. Et… Tu t’arrêtes, en te rendant compte que tu as mis les deux pieds dans le plat, pris au jeu. Et je vais m’arrêter là pour l’instant. Si tu veux découvrir ce que j’ai appris de plus, il te faudra m’inviter quelque part et vouloir me revoir, voilà qui stimulera peut-être un peu ton goût modéré pour la nouveauté. »

Tu laisses un silence se poser entre vous, lui laissant le temps de digérer tout ce que tu as dit et tu finis par lui souhaiter bon appétit sur un ton bien plus doux que tu n’as pu l’être depuis le début de votre rencontre. Tu picores un peu dans ton assiette, le temps de reprendre tes esprits et tu finis par relever la tête vers lui en finissant d’avaler ta bouchée.

« J’espère bien que tu ne vas pas t’enfuir en courant, ce serait ma première fuite de ce genre quand je mange avec un homme. Mes lèvres s’étirent à nouveau et je choisis aussi d’être franche. Pour être honnête avec toi, tu as lancé ton défi à la mauvaise personne. Je suis psychiatre, je passe mes journées à comprendre les gens qui m’entourent. Je ne suis cependant pas masochiste sur ça, je n’exerce pas en dehors de mon boulot, donc tu peux être certain que je ne vais pas essayer de te psychanalyser à ton insu. Dis-moi donc, veux-tu contester certaines de mes observations ? »
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Daisuke Atsuji
Daisuke Atsuji
Daisuke Atsuji
∞ MESSAGES : 114
Daisuke Atsuji
Jeu 25 Juil - 14:30
Le fait qu'elle se soit montrée assez sage pendant ton élocution t'a étonné. Goût du masochisme, un contrôle sur soi bien travaillé, rien de nouveau pour elle ? Tu doutes un peu du masochisme, mais elle est l'option qui attire le plus ta curiosité, à plus forte raison quand ses lèvres s'étirent en un signe de satisfaction non dissimulé. Tu as été prévenant sur ta conclusion mais assez peu sur les faits et pour autant, elle s'en tire plutôt bien. Intéressant.

Tu t'es contenté d'opiner du chef pour lui exprimer ton accord. Deux temps, ça veut dire qu'il y a l'espace pour apporter la contradiction entre les deux. Tu ne t'en priveras sûrement pas - tu te surprends un peu à commencer à apprécier ce jeu -. Son compliment a quelque chose d'aigre doux dans ton esprit, avec une pointe d'amertume. Cela rappelle une réalité impossible à atteindre, tout en restant flatteur, avec un relent de "les timbrés méritent pas autant d'attention, même s'ils sont immondes".

Et lorsqu'elle se montre maternaliste envers toi, à te rappeler les bases de ton métier, tu ne peux réprimer un son discret produit par le claquement du bout de ta langue entre des dents. Ce qu'elle dit est vrai, mais déplacé et partiellement malhonnête. Si on part de l'hypothèse que le faux compose les choses que nous voyons, il nous est impossible d'approcher de la vérité, donc aucun intérêt de la rechercher. Et les personnes qui parviennent à être fausses à ce point là, elles sont rares, vraiment rares.

Et la suite, t'as coupé le goût de lui répondre. Elle exprime parfaitement la distinction que tu opérais entre esprit critique et esprit pertinent. Quand on se fait tringler, il n'y a que la notion du consentement qui permet de qualifier cela d'un viol, la baise reste là. Le fait de cacher ses cernes reste là pareillement. Conne va. Tu t'enfermes dans le mutisme en verrouillant ta mâchoire sous le mâchonnement d'un naan que tu savoures peu.

Arrête de sourire, idiote, pensas-tu. C'est ça, qu'elle abrège donc. Ta vie personnelle n'existe que peu, alors c'est très bien que ton excès de confiance - et d'orgueil - soit présent. Tu as arrêté de fumer par ta seule volonté et tu ne bois pas tant que ça. Ah. Comment elle a deviné, tu fais attention à tes tics justement. Tu réfléchis, tu te tâtes. Si tu es seul, tu ne te sens pas seul, c'est différent. Et tu ne fais confiance à personne, collègues ou non - à l'exception faite de tes parents, quand ton père n'est pas trop joyeux par l'alcool -. Gaby a réduit cette distance avec les autres, mauvaise déduction, baka. Tu as forcément au point une part de la vérité sur ton peuple, puisque tu en fais parti. Qui ne haït pas l'Amérique à part les américains et les idiots, sérieusement ? Tu ne pensais pas que tes mots trahiraient le fait que tu aies connu l'amour, bien qu'un quarantenaire n'ayant jamais été en couple soit moins que probable. L'amour fait souffrir, les relations humains font souffrir. Putain, encore une bonne pioche. Elle arrive à taper sur des choses intimes avec une aisance qui te surprends. Alors que sur la psyché, la façon de raisonné, tu la trouves souvent à côté ou alors trop généraliste.

Tu as avalé de travers et manqué de recracher ton verre d'eau par le nez quand elle a parlé de tes goûts sexuels. Elle ne pourrait pas avoir plus tort et tu as lâché un rire franc, entre deux toux. Tu t'es ressuyé les lèvres, le menton et autour du nez avant de lui reconsacrer de l'attention. Oui, c'est vrai que tu n'apprécies pas trop ce qui sort de l'ordinaire, tu t'en méfies beaucoup. Encore une invitation...? Ton téléphone allumé son écran de nouveau. Et tu ne le regardes pas.

"Bon appétit."

Tu as entendu son changement de ton, et c'est indicateur que ce n'était pas une discussion anodine, ou conventionnelle. Fort heureusement alors. Tu ne voudrais pas être banal, ennuyeux, sinon seul. Le désir de répondre te brûle suffisamment les lèvres pour que tu n'oses pas porter la fourchette à ta bouche - tu préférerais manger avec des baguettes -. Tu places ta main proche de ta bouche inconsciencieusement. Vite, qu'elle se dépêche. ça te prends comme une envie d'uriner après trois bières. Quand elle te pose la question, c'est presque un soulagement. Tu soupires légèrement, la nourriture a une bonne odeur et il te faudra attendre d'avoir fini ta propre réponse pour y goûter.

"Je ne fuis déjà pas devant des calibres, je ne vais pas fuir devant une femme - et tu devrais l'apprendre à le faire parfois -. J'ai bien des choses à en répondre. Je n'attendais que ça. Je ne pensais pas être face à un psychiatre - oui, tu as bien dis un -. Je pensais pas que ça cela me mettrait autant dans l'anticipation que chaque mot et geste soit interprété. Tu n'y es pour rien, je vais rapidement passer à autre chose."

Et puis merde, tu te prends trois bouchées d'affilée de riz, avec un verre d'eau, avant d'essuyer tes lèvres.

"ça fait maintenant 8 ans que je n'ai plus touché à une cigarette. Je bois quelques verres de temps en temps, rien de plus. En revanche, si tu es psychiatre, tu n'auras pas de surprise à ce qui va suivre. Cocaïne. Depuis quelques années. Une dizaine de grammes par semaine "maximum"
, dont tu mîmes les guillemets avec tes propres doigts, souvent moins [/color]- enjoliveur de vérité va -. La solitude ne me pèse pas, je travaille beaucoup. Et quant à mes collègues, disons que c'est une affaire de compétence, pas de confiance."

Tu essaies de retracer tout ce qu'elle a dit, et ce que tu as pu en penser.

"Ah oui. L'Amérique. Qui ne haït pas l'Amérique et ses valeurs si ce n'est les idiots et les américains eux-mêmes - joli pléonasme - ? Pour les femmes, j'ai eu deux histoires, c'est exact. La première m'a quitté, j'ai quitté la deuxième. Depuis, j'ai découvert que l'amour n'est pas fait pour tout le monde et certainement pas la clé du bonheur - la coke et les putes, on s'y approche en revanche -. Et tu as vu juste, dis-tu en montrant ton téléphone devant elle, c'était une escort. J'aime choisir mes relations, mais je ne suis pas dominant, ni sadique, sexuellement."

Et là, quelque chose te vint en tête, sans que tu ne le vois venir.

"Tu sais, je n'ai pas vraiment peur de ce que l'on pourrait apprendre de moi - tes secrets sont farouchement bien gardés, et le reste, tu l'assumes très bien -. Mais si je devais avoir "peur" de quelque chose, ça serait les réactions qu'engendre cette apprentissage. Ce qui n'est pas le cas ici, apparemment."

Tu affiches un sourire sincère, cette fois-ci. Cela t'a amusé, et ta faim n'est plus seulement une taquinerie. Tu commences à sérieusement attaque ton plat.

"On a joué à mon jeu. Maintenant, on fait comme bon te semble. Soyons chiants et cordiaux. Parle moi donc un peu de toi."
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Kira I. Koshar
Kira I. Koshar
Kira I. Koshar
∞ MESSAGES : 25
Kira I. Koshar
Jeu 1 Aoû - 12:13
Tu notes mentalement ce qu’il te dit. Tu sais déjà que tu ne répondras pas. Tu n’es pas en thérapie, tu n’as pas la blouse de psychiatre sur les épaules ce soir. À la place, tu portes les talons de la liberté et le visage ouvert de la rencontre. Tu ne te vois pourtant pas lui refuser de répondre, là où tu l’as toi-même fait. Alors tu l’écoutes en gardant un visage sérieux, distant, respectueux.

Si tu es prête à entendre beaucoup de choses de sa bouche, si tu penses l’avoir assez bien cerné, tu ne peux t’empêcher d’avoir un tic qui anime tes lèvres quand il en vient à la drogue. Tu n’y peux rien, c’est ton job, ton quotidien, ce contre quoi tu luttes. Pour ton frère, un peu, mais pour ceux qui sont encore coincés là-dedans surtout.

Et il continue. Tu finis par remuer ta fourchette dans ton assiette pour te donner contenance, parce que ton estomac commence à gronder. Tu sens des leviers de parole, tu émets des doutes sur ce qu’il dit, tu as envie de réagir, mais tu ne fais rien. Tu grignotes du bout des lèvres pour retenir les mots dans ta bouche. Et pas un instant, tu ne quittes son visage de tes yeux bleus.

« Tu n’as rien à craindre de moi. Ce soir tu parles avec Kira, pas avec le Dr Koshar. Tes lèvres s’étirent sur un sourire léger. J’ai bien des choses à penser, à questionner, à remettre en cause dans ta longue réponse, mais je préfère que l’on arrête là. Je ne suis pas au cabinet, mais en train de prendre un repas avec un homme intéressant. Tu n’as pas fait la démarche d’aller voir un psychiatre, tu as joué à un jeu. Si un jour tu veux en discuter plus amplement, ma porte te sera ouverte. »

Voilà tout ce que tu te bornes à lui répondre face à ses trop longues explications. Tu as besoin de temps pour tout assimiler et comprendre à qui tu as affaire. Est-ce quelqu’un qui a besoin de parler et qui profite de ta présence ? Se vante-t-il d’être ce qu’il est ? Aime-t-il simplement s’écouter se parler ? Quoi qu’il en soit, ce soir ne te donnera pas de réponse.

« Chiants et cordiaux, voilà de quoi me donner envie de te répondre. Tu es ironique, un poil cynique, profondément moqueuse. Je suis née à Korsakov d’une famille russe. Mes cheveux sont naturellement châtain, mais je les teins tous les mois. La première langue que j’ai apprise, outre ma langue natale, c’est le japonais. J’adore le chanoyu, c’est l’un des rares moments qui m’apaise. Tu avales une bouchée, la marche tranquillement avant de reprendre. Je suis célibataire, je n’ai plus eu d’hommes stables dans ma vie depuis de nombreuses années. Je fais de nombreuses activités parce que je suis hyperactive. Tu bois un peu d’eau, essuies ta bouche, reprends en souriant. Quand bien même je n’ai pas complètement gagné de manière régulière, je suis très contente de t’avoir battu. »

Tu finis sur ça, comme pour réveiller la colère chez ton vis à vis. Pas que tu t’amuses de le voir en colère, mais plutôt qu’il a besoin d’être un peu secouer, ce cher inspecteur et que toi, ça te fait envie de le sortir de sa zone de confort. Rien à voir avec ton boulot. Ce n’est que le jeu que tu as choisi.

« Ai-je été assez chiante pour toi ? À ton tour. Comment un Japonais finit-il sur le territoire américain qu’il conchie à ce point ? Comment es-tu devenu aussi Daisuke Atsuji et pas un peu plus américain libéraliste et pro port d’armes ? »

Tu ne quittes pas ton sourire, tu es bien trop contente de le piquer là où tu pourrais, peut-être, le faire réagir.
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