fix my eyes
perle & theodosia
Un fils de chien. Et même les chiens ne méritaient pas ça. T'étais ce qu'on appelait dans certain jargon une justicière. Tu te fichais de la manière dont on t'appelait. Parce que toi, t'avais juste enfilé un pantalon noir et un t-shirt de la même couleur, t'avais juste fais une natte à tes cheveux et passé une paire de doc martens. T'avais juste fais en sorte d'être à l'aise et de pouvoir te débarrasser des vêtements facilement. Parce qu'ils sont amusant, ces super-héros avec leurs tenues moulantes en cuir. Mais, comment ils lavent ça après ? Toi tu bouges tellement que tu transpires dans tes fringues alors, hors de question de ne garder qu'une seule tenue. T'as préféré t'équiper au plus simple.
Le type que tu traques depuis plusieurs jours maintenant, c'est un bon. Le top de la crème du bon petit enculé. Déjà, quand son nom est arrivé à tes oreilles et que tu t'es pointée dans un de ses clubs, t'as vu rouge. Les p'tites nana que t'as trouvé là dedans, elles étaient pas majeures. Pas. Majeures. T'en étais certaines. Et quand t'as vu ça, t'as su que ce type, t'allais le pendre par les couilles et le laisser se vider de son sang sur le toit d'un immeuble, là où personne ne s'inquiétera de savoir pourquoi y'a un rassemblement de vautour. Mais au bout du compte, t'as juste choisi le poison le plus lent à agir tout en étant le plus douloureux.
Ce genre de type te donne envie de gerber. Alors ce soir, t'as décidé de passer à l'action. Ca fait des semaines que tu le traques, que tu étudies la moindre de ses petites habitudes, que tu résistes à l'envie de lui enfoncer ton Lady Smith dans le cul et de tirer. Mais t'en fais rien, savourant le fait que ce sera pire quand il sera mort. Et puis avant toute chose, tu dois faire quelque chose pour les gamines. Si tu ne fais que le tuer, un autre prendra sa place. Et ça n'était pas vraiment le but de l'opération.
Ce soir là, t'es assise sur le rebord d'une échelle de secours, une de tes jambes se balance dans le vide, t'as ramené l'autre vers ta poitrine et tu observes la rue à travers une paire de jumelles. Ca fait un moment que t'es là quand tu le vois débarquer. Alors tu ranges ton matériel et tu descends l'escalier, sautant discrètement du premier étage pour ne pas déverrouiller l'échelles et faire du bruit. Tu rejoins la ligne d'immeubles d'en face et tu longes la rue. Ce qui t'inquiète depuis un moment, c'est la bagnole qui s'est arrêtée là depuis un temps devant ce que tu avais découvert être l'appartement de ta cible. Vu l'état dans lequel il était rentré chez lui, il n'attendait personne. Alors tu espérais que c'était simplement une coïncidence.
Tu ne crois pas aux coïncidences.
Surtout quand elles sortent de la voiture à un moment suffisamment opportun pour aller cueillir ta cible. Alors tu percutes la jeune femme, pour la déstabiliser et, surtout, prendre les devants.
«
'Scusez moi. »
Les mains dans les poches, tu t'engouffres dans l'immeuble à la suite de l'homme et, t'en profite pour bloquer la porte avec une caisse de bouteilles vides qui traînait là. Tu la places en perpendiculaire, contre une petite volée de marche qui mène au hall. La caisse n'est pas lourde, mais elle est suffisamment grande pour que ça bloque la porte un moment.
Alors, tu reprends ta route, observant les chiffres défilés sur l'ascenseur. Sixième. Parfait. Tu te mets en route en prenant les escaliers. Tu lui réservera une petite surprise à l'arrivée.