| | | » CHARNEY. :: Charney :: district deux.  | Quand j'veux des infos, on finit toujours par m'les donner, et si j'arrive à tirer un p'tit "madame" au passage, c'est l'pied. - Ft Matheo |
| | Aellia L. Reagan Mer 7 Aoû - 22:04 Je n’sais pas combien de temps s’est écoulé depuis… Mes poils s’hérissent alors que ma gorge se serre. Bordel. Foutue réaction d’ce corps inutile. Je secoue la tête en m’accroupissant un peu plus sur l’escalier en fer, un de secours d’un immeuble miteux du D3. Mes yeux fatiguent, mais j’repousse ça au fond de moi. J’bosse le double de ce que je produis habituellement pour m’refaire de l’argent… pour rembourser ce que j’ai volé à Lee. J’mange à peine, j’ai pas bu une goutte d’alcool depuis qu’la dernière bouteille de chez moi s’est vidée. Les clopes, c’est celle que je taxe. Franchement, j’suis en manque de tout est j’vais finir cinglée.
Un bruit de moto me fait pourtant relever la tête aussi brusquement. Je veux coincer Matheo et lui parler. Sauf que depuis que j’ai trouvé l’courage de revenir vers sa piaule, il n’est jamais seul. À croire que les connards avec qui il vit lui collent au cul à chaque instant de sa vie. Ça m’rend dingue, mais j’ai pas lâché l’morceau.
Jusqu’à ce soir… Je suis tellement à bout que j’ai décidé de tenter le tout pour le tout. j’vais lui tomber d’ssus et j’aurai mes infos. Parce que, bien sûr, ya des toutous des Outlaw dans ses pattes, hein, mais pas celui que j’cherche. Sinon j’l’aurais buté depuis longtemps…
Je me remets debout sur la marche en fer qui grince et d’un bout fatigué j’tombe sur le sol. Je sais, j’ai déjà une sale mine habituellement, mais là j’ai une gueule qui fait froid dans l’dos. J’ai enfilé un soutien-gorge moulant, et un haut ouvert jusqu’au nombril, un mini short en simili cuir et des bas résille. Pas de talons, mais à part ça, j’ai tout l’attirail de la bonne p’tit prostituée. Sauf mon visage. Glauque, épuisé, mes yeux injectés de sang, mes lèvres bleuies.
J’ignore tout ça, et je m’appuie contre le mur, les bras croisés sous mon ventre, comme pour soutenir la fausse poitrine qui r’ssort de mon haut et j’guette au coin de la rue. Il va arriver. Seul ? Si oui, j’pourrais simplement lui sauter dessus. Sinon, j’jouerai les putes en manque pour arriver à l’emmener avec moi.
Les pas se rapprochent et je finis par passer une main dans mes cheveux en lâchant d’une voix vicieuse, manufacturée, des femmes qui vivent dans la rue.
« Alors mon chou, ça te dit un coup à moitié prix ? C’est soirée spéciale ce soir ! »
| | | Matheo Rivera Jeu 8 Aoû - 15:45 Coup d’œil sur l’écran du portable. Rendez vous dans une dizaine de minutes sur les docks. T’es en avance, comme d’hab.
Le lieu est désert, aucun signe de vie à l’horizon. Tu poses ton sac rempli de sachet d’herbe et t'assois sur le dossier d’un banc en attendant le type, t’allumes une clope. Regarde à l’horizon le lieu désolé, fini par te perdre dans l’immensité de l’étendu d’eau.
Soupir.
Tu regrettes de pas avoir de partenaire dans ces moments d’attentes. Mais t’as pas réussi à la rappeler. Trop honte, trop fière. Et l’absence de nouvelle de sa part à fini par te faire croire que c’était mieux ainsi.
Nouveau soupir. Tu te relèves alors que ton client arrive, clope au bac. Tu connais bien le type, alors tu t’inquiètes pas trop d’une éventuelle menace. Tu lui serres la main et lui file ton sac en échange d’une centaine d’euros.
Tu comptes rapidement, glisses l’argent dans ta poche de veste intérieur, puis vous saluez et partez chacun de votre côté.
T’as pas envie de rentrer chez toi, mais pas non plus envie de rejoindre le reste de ton clan, surement déjà bien alcoolisé vu l’heure. T’as pas le cœur à faire la fête ce soir.
Coup de fil à ton ami d’enfance, répondeur. Tu grogne et, sans laisser de message, range ton téléphone. T’es résigné, tu vas passer la soirée chez toi à regarder la télé avec un bédo, le chien s’endormant probablement à tes pieds.
Ta moto file à vive allure, te rend un peu moins morose. T’apprécies le paysage qui file, pas assez pour continuer la balade plus loin que devant le garage, situé en dehors de l’appartement.
Poses le casque sur ton atelier de bricolage, check vite fait la bécane. Faut que tu changes les pneus. Tu sors l’enveloppe de ta récente transaction et la glisse dans une étagère. T’as gagné de quoi en payer une bonne partie.
Tu te diriges machinalement vers ton appart, pianote sur ton clavier pour répondre à ton pote qu’a appelé entre temps pour dire que c’est trop tard, répliquant en coupant la femme des rues qui vient t’aborder un :
- Pas interessé.
Mais tu bug, alors que tu remets la voix. Les souvenirs de la soirée remontent, conclut par un réveil solitaire. Qu’est ce qu’elle fout là, maintenant ? T’es pas d’humeur, tu veux pas la voir.
Parce que tu serais capable de t’excuser pour tout.
Alors tu préfères continuer ta marche, faire comme si tu ne l’avais pas remarqué. | | | Aellia L. Reagan Dim 11 Aoû - 15:39 Je pourrais devenir dingue rien qu’au ton qu’il prend pour me répondre. Non, pas intéressé hein ? Mais la dernière fois, quand il avait bien bu, il en a bien profité. Et j’suis sûre que dans son clan de connards amoureux de leur moto et tueur de femmes innocentes, il doit en baiser, des filles. Alors, là, bêtement, me faire refouler sur ce ton, ça me met en colère et j’crache sur le sol, à côté de moi, en grognant :
« Mon cul en a rien à foutre que tu sois intéressé ou pas. »
J’suis sur lui en un grand pas et ma main se pose sur son épaule alors que je comprends à la lueur d’son regard qu’il m’a reconnue. Pire, même… qu’il veut m’fuir. Quelle enflure ! Ma main se serre plus fort sur son épaule même s’il est plus grand et qu’la prise est pas simple pour moi. J’viens lui couper le chemin et ma main libre plonge dans ma poche, doigts sur la lame papillon sans la r’ssortir pour autant.
« C’est quoi ton souci avec moi ? Tu m’as baisé alors tu t’dis que tu as plus besoin d’moi ? Mon ton est pas aussi énervé que je le pensais, presque un peu amusé et piquant, comme ça l’état entre nous la dernière fois. J’ai b’soin de toi. »
Ça me troue un peu le cul de devoir le reconnaître, mais force est de constater que j’retrouve pas mon gars par moi-même. j’l’ai aperçu une fois, alors que j’buvais un café avec la nana du FBI, mais depuis il a redisparu de la surface de cette saloperie de ville.
Lentement, je relâche ma main sur lui et je recule d’un pas, l’air faussement sereine. J’le suis jamais et j’ai pas décidé qu’j’allais le devenir maintenant. J’arrive quand même à prendre une mine à peu près calme et à planter mes yeux sur lui.
« Alors, j’peux compter sur toi, comme convenu ? »
C’était convenu ? Ou j’ai cru qu’une partie de jambes en l’air était un accord suffisant ? je n’sais même plus, tout est trop flou dans ma tête maintenant.
| | | |
| |
