propension. une tendance naturelle à effectuer quelque chose, sans y réfléchir plus que ça. mari était pro, professionnelle. du moins elle s'y essayait avec application depuis son entrée dans cette agence de bodyguards. quelques uns des traits de son caractère avaient été pointé du doigt par ses recruteurs comme étant la clé d'une collaboration à long terme avec leur agence. d'autre avaient faillit lui coûter son embauche.
elle avait besoin de ce job, elle avait besoin de le garder le plus longtemps possible. sa propension à ne pas respecter les règles, sa carrière sportive avait fait d'elle une sorte de marginale, semi-inadaptée à la vie dans une société comportant des codes quotidiens qui lui demandaient d'être polie, de rester calme, de ne pas défoncer les maxillaires de n'importe qui.
un monde où elle devait faire preuve de professionnalisme de telle sorte que l'on croit sans douter qu'elle avait une propension à la rigueur professionnelle.

pro, pro, pro, reste pro.

elle se répétait ça comme un mantra depuis trois jours, depuis qu'elle était descendu de ce ring, un semi-sourire au coin de la bouche, la sueur ruisselant le long de ses tempes après un combat intéressant.
sur la route du travail, ses pensées vagabondaient tantôt sur cet épisode étrange, tantôt sur les mots en pro qui semblaient avoir décider de l'harasser.
pro, pro, pro. avançant d'un pas soutenu, elle se tenait droite, une paire de lunette - effet miroir - de soleil fichée devant ses yeux noisettes, ses cheveux relevés en une queue de cheval élégante. ( mais beaucoup trop tirée, son cuir chevelu la démangeait. )
elle portait encore une tenue informelle, le but n'étant pas d'attirer l'attention de la population locale en se prenant pour un men in black.

le cabinet du docteur kwon était élégamment décoré - et elle trouvait souvent ça bien trop épuré pour être honnête. un coup d'oeil sur sa montre lui indiqua qu'elle était un peu en avance ; et tant mieux puisque son but était de garder ce travail.

pro, pro, pro. il lui fallut seulement quelques minutes pour enfiler le costume classique qui lui servait d'uniforme. il était luxueux et fabriqué dans un tissu adéquat.
pourtant, elle se sentait toujours à l'étroit dans cet accoutrement - alors qu'elle-même n'avait pas un gabarit comparable à celui de certains de ses collègues dont elle ignorait comment ils pouvaient bien faire pour entrer dans ces costumes.
la secrétaire était à son poste, apprêtée, jolie et souriante. elle se présenta poliment, annonça son arrivée. la jeune femme avait déjà retenu son nom alors qu'elle même peinait à retenir le sien, qu’elle lui avait déjà probablement dit dix fois.  
et c'est avec une expression neutre qu'elle finit par entrer dans le bureau du docteur kwon.

« bonjour docteur kwon. » dit-elle sur un ton qui se voulait poli mais qui sonnait encore un peu étrangement insolent malgré tout ses efforts.
elle fit un léger signe. une sorte de réminiscence s'imposa à elle tandis qu'elle se plaçait légèrement à côté de la porte. une réminiscence qui amenait une envie contradictoire : celle de d'enfoncer son poing dans le visage du docteur. avec respect.
grandir entourée de testostérones rendaient certain de ses réflexes sociaux bien étranges.

« quel sera le programme de la journée ? »

le briefing habituel. une routine commençait lentement mais sûrement à s'installer - et elle s'en félicitait.