Fail

La journée se sera faite plus ennuyante que prévue. Ilithya avance, lasse, regarde son portable tandis qu’elle marche en direction de chez elle, connaît le chemin par coeur et n’a même pas besoin de savoir où elle avance véritablement, de décoller le nez de son téléphone dont la conversation sms la subjugue, s’amuse de l’homme qui cherche à la voir absolument, à croire que son corps lui manque un peu trop. Sauf que ce soir, elle n’a guère envie de sortir, encore moins de le voir lui, pauvre garçon insignifiant à ses yeux. Alors elle met, prétexte du boulot ce soir. Mais lui insiste, paraît déçu quand elle s’excuse de vraiment pas pouvoir. Et elle range son portable, jubile intérieurement et la voilà arrivée devant son immeuble.

Elle rentre sans attendre, monte les escaliers jusqu’au deuxième étage et atteint le palier de son appartement dont elle ouvre discrètement la porte. Ilithya souhaite l’effet de surprise, se doute qu’elle ne trouvera pas le foyer vide, et la porte déverrouillé affirme son hypothèse. Elle avance, pose son sac doucement sur le canapé et tend l’oreille quand elle entend un bruit, un mini vacarme qui la fait hausser un sourcil, avancer jusqu’au lieu de l’agitation: La cuisine. Et c’est sur une Camille qui paraît paniqué qu’elle tombe, regarde quelque secondes un brin curieux. Curieuse, c’est ce qu’elle est concernant sa coloc’, quand ses réactions face à elle l’intrigue, que sa timidité peut trahir un certain désir pour la fausse bleu, ou juste un manque d’assurance. Mais dans le cas d’Ilithya, dans le désir qu’elle sait faire naître chez les autres, la première option paraît bien plus réaliste à ses yeux.

Elle s’approche, un sourire amusé aux lèvres, sans un bruit pour ne pas se faire remarquer par sa colocataire. Et comme si de rien n’était, parce que pour elle c’était le cas, elle passe un bras sur les hanches de Camille, l’autre main récupère la casserole avant qu’elle ne termine dans l’évier. Elle hausse un sourcil en observant l’eau au sol, relève les yeux sur le plat qu’elle tient en main, et un rire s’échappe.

- Tu es dans la lune, ma chère ? Aurais-tu besoin d’aide, peut être ?

La voix mielleuse, les doigts lui caressant mine de rien la hanche, elle tente, sans aucun doute inutilement, de chercher ses réactions pour être certaine que ses impressions ne sont pas fausse. Et ses réactions ne manquent pas de l’amuser, elle garde fermement la casserole que la brune lâche un instant avant de la récupérer, ne dit rien quand elle s’éloigne. Ça la fait jubiler, ça aussi, une telle réaction qui ne fait que trahir ce que pense la mi-Grecque

- Non euh… les carottes…  Je euh..t’ai pas entendu venir. Désolé hum… ça devait être une surprise.  Euh… Je vais finir toute seule, ça va aller…

Camille ne la regarde plus, et cela l’amuse d’autant plus. Elle se met bien face à elle, rit doucement en lui frôlant la joue du bout des doigts.

- Ne t’en fais pas, ça me fais plaisir comme attention.

Et sans rien ajouter de plus, elle se ressaisit de la casserole, la pose sur le feu et surveille l’eau, se saisit d’une pâte pour vérifier la cuisson tandis qu’elle jette un coup d’oeil à la poêle.

- Tu fais des pâtes à la bolognaise, c’est ça ? Ça fais longtemps que j’en ai pas mangé, ça tombe bien.

La semaine dernière, dans un restaurant italien au frais du même type qu’elle a repoussé ce soir. Mais elle garde cette information pour elle, histoire de pas se retrouver avec une Camille totalement déphasé de savoir que ce plat pour elle est ordinaire, lui laisse sa chance parce qu’après tout, ça laisse une chance à Ilithya de pas avoir à faire le repas ce soir.