+ Fille d'une expatriée sud-coréenne de seconde génération et d'un homme japonais inconnu au bataillon, Hyun-ah a grandit dans l'arrondissement de Shinjuku, non loin du fameux red-light district de Kabukichō, où sa mère était employée en tant qu'hôtesse. Un emploi qui s'il n'attirait rien d'autre que le mépris de la part de la famille de cette dernière, leur permit de survivre dans une métropole hostile n'ayant que faire de personnes comme elles.

+ Sa mère finit par être prise en affection par un lieutenant d'une famille yakuza possédant plusieurs des bars à hôtesse du coin. De quoi leur assurer une ville bien plus tranquille (et bien des dettes dans le futur). Un homme que la petite âgée de tout au plus cinq ans finit rapidement par considérer comme son père, au grand bonheur de ce dernier. Ce fut d'ailleurs lui qui finit par décider de l'envoyer dans une école privée, souhaitant la voir devenir quelqu'un de respectable — autant que possible étant donné leur milieu.

+ Gentille petite fille sage dans ses premières années, Hyun-ah démontra très vite un côté vindicatif et une tendance à en venir au point bien trop prononcée au goût de ses professeurs. Le tout entraînant un transfert d'école et quelques pots-de-vin pour acheter le silence des parents un peu trop bavards. Sans oublier une conversation on ne peut plus sérieuse qui se solda par la promesse qu'elle ferait un effort. Elle avait quinze ans.

+ Les années suivantes prouvent le contraire, cependant. Si elle se tient tranquille en cours, accumulant les bonnes notes et félicitations de ses professeurs, ses fréquentations en dehors de ces derniers sont, sans surprise, peu recommendable. Sa mère est dépassée, se sentant coupable de la voir devenir une délinquante, tandis que son père (adoptif) réalise que la forcer à être quelque chose qu'elle n'est pas ne marchera pas — sans oublier l'hypocrisie de la situation, que plus d'une fois elle ne s'est pas gênée de souligner. Ainsi, ils passent un deal : elle continue ses études de médecine (qui jusque là étaient brillantes) et il lui offre un exutoire pour cette violence à fleur de peau qu'elle était incapable de canaliser. Ca a quelque chose de malsain, l'encourager de la sorte sur un chemin sans rédemption, et elle n'est pas naïve. Elle accepte. Le début de la fin. Ou peut-être bien l'annonce d'un renouveau.

+ Ses études fraîchement conclues, et avec brio, elle n'a aucun mal à décrocher un poste dans un hôpital réputé là où d'autres sont mis sur liste d'attente ; son flirt avec le crime s'est transformé en relation passionnée et brutale, mais ô combien stimulante. Loin d'être idiote, elle a très vite compris que jouer selon les règles de la légalité n'est pas pour elle, et qu'elle n'a de toute façon rien à y gagner. Non, ce qui la fait se sentir vivante, c'est cette impression d'être intouchable, au dessus des lois. Quitte à y perdre quelques plumes. Loin d'être infaillible, elle prend autant de coups qu'elle en donne, et finit par s'établir sa propre réputation — et quelle réputation! Oh, elle est si jolie Yuna (merci la naturalisation), avec son visage angélique et des courbes qu'on imagine si peu habiller la silhouette d'une coréenne, sans parler de jambes interminables. Si jolie et tout aussi empoisonnée, un piège qu'on ne voit pas se refermer avant d'avoir une jambe ou côte brisée. Et elle se tient fièrement auprès de son père adoré, un atout de poids dans le bal interminable d'intimidation et violence qu'est leur vie. Et elle s'y plait.

+ Ce qui l'amena finalement à Charney, loin de l'archipel nippon, n'a que peu d'importance. Une envie de changement, de nouvelles opportunités et une proposition qu'elle ne put refuser. Sans parler d'une reconversion dans le domaine de la chirurgie plastique, afin de parfaire sa couverture de Dr. Kwon, brillante chirurgienne d'une clinique huppée de la mégapole. The rest is history comme diraient les américains. Un nouveau terrain de jeu, bien plus vaste et dangereux que l'ancien. Et la violence ici ne semble jamais prendre de repos.